Jui
10
2011
Réponses Photo n° 231 / juin 2011
Julien étant actuellement indisponible, je vous propose une "blitz-review" de ce numéro de juin de Réponses Photo, dont je ne chroniquerai que les sujets techniques. Il aurait été dommage de ne pas le faire car plusieurs articles sont très intéressants, notamment l'examen comparatif des visées optique et électronique.
Avant cela, tous les aspirants photographes liront avec grand profit le dossier sur les filières de formation pour embrasser ce métier aussi noble que difficile. Sur dix pages, les auteurs éclairent les différentes voies d'accès en formation initiale, fournissant au passage un vaste carnet d'adresses. On pourra regretter que le dossier n'ait pas englobé plus largement la formation permanente, car les vocations sont parfois tardives. Mais cela fera sans doute l'objet de sujets complémentaires.
La leçon de photo donne 14 clés pour ordonner... le désordre, et offrir un équilibre à des sujets photographiques très chargés. Choix du format, composition, angle de prise de vue, etc. tout est envisagé pour s'en sortir face à une scène qui ne s'inscrit pas dans les règles classiques de composition. Un sujet rare et très bien traité.
Le Labo numérique se résume ce mois-ci à trois pages sur les modes de fusion, disponibles dans Photoshop mais également dans d'autres éditeurs d'images. Là encore, c'est un sujet pertinent, car souvent laissé de côté par les amateurs alors même que l'outil est très puissant. Il n'est toutefois examiné ici que dans un cadre strictement photographique pour modifier le contraste et la densité par duplication du calque d'image. Les exemples sont bien choisis, mais il est dommage que l'un au moins ne se soit pas appuyé sur une image en couleur. Certes, on est chez RP, mais quand même... ;-)
Le duel de boîtiers oppose le Nikon D5100 et le Canon 600D. Ce dernier sort vainqueur (ce que je n'aurais pas parié). Je m'étonne quand même de voir que le Canon reçoit une meilleure note en qualité d'image alors que le capteur du Nikon est très loin devant dans les mesures DxOMark. Sans doute Julien Bolle a-t-il évalué le couple boîtier/objectif en JPEG, ce qui peut aboutir à un résultat bien différent des mesures objectives effectuées sur le RAW.
Dans les tests optiques, on apprécie la très bonne critique obtenue par le nouvel objectif standard APS-C Sony DT 35 mm f/1.8 SAM. Son excellente qualité optique lui vaut un 88/100 et un Top achat. Avis aux amateurs "50istes"...
On en arrive au sujet sur les différents modes de visée. Je l'avoue honnêtement, je craignais un jugement caricatural contre la visée électronique, dans un magazine aussi profondément attaché aux traditions. J'ai eu tort : c'est un article très équilibré qu'a écrit Claude Tauleigne. Après une description des caractéristiques des différents modes de visée, l'auteur analyse sans a priori leurs avantages et inconvénients respectifs. Si tout le monde connaît ceux de la visée optique, rares sont ceux qui ont réellement pris en main un appareil à visée électronique, dans la durée, en s'efforçant de dépasser les inévitables réticences initiales.
Claude Tauleigne l'a fait, et s'il pose un regard sans ménagement sur les défauts de la première génération d'EVF, il en souligne aussi les indéniables avantages. Une de ses phrases résume très bien la raison pour laquelle, de mon point de vue, la visée électronique s'imposera à terme (sans doute assez court) : avec un EVF, il n'y a plus d'incertitude sur le résultat final. Impossible de rater une exposition ou de foirer une balance des blancs, puisqu'on voit dans le viseur ce que sera la photo (du moins l'interprétation du RAW par le processeur du boîtier). Avec un viseur optique, on voit la scène au travers d'un trou de serrure plus ou moins large, en priant pour que les réglages effectués soient en mesure de la restituer convenablement. Claude Tauleigne regrette la perte de magie qui s'ajoute à celle déjà occasionnée par l'arrivée du numérique. Je peux le comprendre, mais il est évident que cette assurance de réussite l'emportera sur la glorieuse incertitude du sport photographique.
Reste la question du plaisir, que n'offre pas encore la visée électronique dans son état de développement actuel. Gageons que la prochaine génération aura déjà résorbé nombre de ses défauts de jeunesse, et réduira fortement les réticences qui sont aujourd'hui très légitimes.
Nous reviendrons sur cette question de la visée d'ici quelques jours dans un sujet spécifique que nous lui consacrerons.
Commentaires
J'ai finalement pu mettre mon oeil derrière cet EVF et effectivement c'est déroutant au début mais bien plus large et pratique que n'importe quel viseur de cette gamme !
Par contre je pense qu'on ne peux parler de plaisir de visée qu'a partir des OVF de gamme expert et FF. D'ailleurs j'ai mit mon oeil derrière un A850 pas plus tard qu'hier ... Enfin je retrouve un viseur équivalent aux argentiques Minolta ! Et là on peu réellement parler de plaisir de visé :wink:
Bon et bien sur ce, je m'en vais économiser
Sinon, j'attends avec impatience votre appréciation du viseur du boîtier expert Sony, qui devrait arriver à la rentrée. Si c'est Julien Bolle qui teste le boîtier pour RP, n'hésitez pas à passer sur Alpha-numérique pour nous communiquer vos impressions, vous y serez toujours le bienvenu.
J'ai essayé les deux et honnêtement, si j'en avais les moyens, je changerais sans hésiter, mon appareil viseur optique contre un viseur électronique s'il le fallait. Je pense que c'est la peur de perdre un des derniers héritages de l'argentique.
Moi, je ne suis pas un puriste, ce que j'aime c'est la photo, le résultat et l'émotion qu'elle transmet. La technique, elle évolue et tant mieux.
Les photographes qui n'ont pas connu l'argentique ne savent pas que le pire des reflex de l'époque proposait une visée bien plus large et plaisante que les boîtiers numériques de début de gamme à visée optique. En cause, le format APS-C. Hormis quelques rares boîtiers APS-C, comme le Canon 7D, seuls les reflex numériques plein format offrent un vrai plaisir de visée.
Il ne faut donc pas s'étonner que les auteurs qui ont grandi en photo argentique ne trouvent que rarement leur compte en numérique, et que leurs réticences soient grandes face à l'arrivée de la visée électronique. Espérons que les prochaines générations d'EVF sauront ajouter le plaisir à l'efficacité.
Le mieux ne serait-ce d'avoir 2 modes combinés ? EVF+RF (comme le Fuji X100) ou EVF+OVF comme décrit dans un brevet récent de Nikon ?
Préférer un viseur optique étriqué à un EVF très large à couverture 100% est quelque chose que j'ai un peu de mal à comprendre, malgré les imperfections de ceux actuellement disponibles. Alors oui, peut-être une phase de transition avec un double viseur pour que les photographes s'habituent à ce qui est inéluctable à terme, et pour toutes les marques... :wink:
Il s'agit d'avoir une image avec toute la dynamique, toute la vitesse de rafraichissement et tout l'espace couleur comme la scène de départ même pour un daltonien comme moi très sensible à certaines dérives de couleurs. A l'opposé de la visée EVF "processée" représentant bien l'image à enregistrer, la visée "naturelle" a pour but de montrer la scène de départ afin de pouvoir travailler son image Raw avec la scène originale en tête.
Pour ma part, je serai très heureux de pouvoir choisir à la volée une visée type "naturelle" et type "processée". Que cela soit par des systèmes haut de gamme OVF futur ou hybride EVF/OVF, peut m'importe.
Mais quand je vous écoute tous les deux, j'ai l'impression que vous passez votre temps l’œil collé au viseur de l'appareil, comme s'il n'était pas possible de penser une photo autrement, simplement en regardant la scène sans un machin devant sa figure.
Je pense que le différentiel de vitesse d'adaptation à l'EVF doit venir de là. En ce qui me concerne, je ne porte le boîtier à l’œil que pour cadrer précisément une photo déjà conçue dans ce qui me sert de cerveau. A ce moment-là, j'ai surtout besoin d'avoir une idée précise de ce que l'appareil est capable d'enregistrer, et comment il va l'enregistrer. Pour cela, le viseur optique n'apporte strictement rien, alors qu'avec un EVF, c'est zéro déchet sur le réglage d'exposition et une balance des blanc précise qui sera mémorisée par le boîtier. C'est le JPEG issu du boîtier que l'on examine alors, mais je sais par expérience que cela fournit une excellente base de départ pour le développement du RAW.
Évidemment, tout ceci sera bien plus exact avec les prochaine générations d'EVF, surtout du point de vue de la dynamique, mais c'est déjà un apport très précieux.
Merci pour vos remarques nous permettent d'aller plus loin dans la reflexion et la compréhension de la pratique photographique.
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