Déc 04 2010

Chasseur d'Images n° 329 / décembre 2010

ci329.jpgCe mois-ci, Chasseur d'Images annonce un "anti-guide d'achat". L'ellipse sur le thème de "la rédaction s'engage" cache un panorama des boîtiers de chaque marque, qu'ils soient reflex ou compacts à objectifs interchangeables.

Où est donc le point de vue radicalement différent qui en ferait effectivement un "anti-guide" engagé ? On le cherche encore. La rédaction donne simplement son avis sur chaque modèle, et propose un résumé de chaque boîtier soulignant ses points forts et faibles.
Rien de surprenant, et au final rien qui corresponde à ce que l'on peut attendre ou espérer d'un "anti-guide". Cela étant, ce dossier a le mérite d'être argumenté et nuancé, même s'il peine à dégager le "caractère" de chaque matériel.

On s'attardera plus sur les tests et mesures de reflex et d'objectifs, la liste étant fournie ce mois-ci. Les fiches-test d'objectifs sont de retour. Nikon en rafle la plus grande partie, mais les Sonystes s'arrêteront sur deux tests :
• Le Zeiss Distagon T* 24 f/2 ZA SSM, grand-angle très lumineux, a été moyennement apprécié. Le vignetage est fort à pleine ouverture (c'est compréhensible), le piqué n'est optimal "qu'à partir" de f/2.8, la distorsion un peu élevée pour un fixe (là aussi la luminosité se paye), mais surtout la rédaction a regretté un objectif dont le piqué n'est jamais "exceptionnel"...
Pourtant, il y a quelques mois encore, CI rappelait que la note maxi de piqué était très dépendante de l'accentuation du boîtier, notoirement très modérée sur l'A900 (ce qui est tout sauf un défaut). Le Nikon D40 de 6MP, qui atteignait le plafond avec ses objectifs de kit, était un symptôme typique d'un boîtier amateur très accentué. CI nous rappelait aussi qu'il fallait plutôt regarder la forme de la courbe que le total atteint. En bref, la rédaction s'engage, mais sa pondération dégage... Désormais, tous les objectifs montés sur l'A900, si exceptionnels soient-ils, ne seront jamais assez piqués. Malgré l'excellence du CI-Lab, le magazine s'obstine à faire des mesures en JPEG direct et non pas en RAW, ce qui est un non-sens sur de tels boîtiers. Retenons donc que ce 24 mm est supérieur au 16-35, lui aussi "décevant" au test, et qui s'avère... exceptionnel à l'usage !

• Le Sony E 18-200 OSS (monture NEX) est aussi testé. Un 18-200 surprenant par sa qualité optique et sa finition, dont la rédaction se demande s'il est bien adapté au gabarit du NEX. S'il est clair qu'il fait perdre sa compacité au NEX, il est aussi une excellente solution de voyage qui évite de prendre plusieurs boîtiers. Chaque utilisateur apportera sa réponse...

Côté boîtiers le Nikon D3100 a séduit la rédaction par son efficacité comme reflex entrée de gamme : mode automatique procurant des JPEG remarquables, flash intégré donnant un rendu harmonieux, viseur plutôt agréable et boîtier réactif. Il lui manque évidemment les raffinements réservés à la gamme supérieure, comme le test de profondeur de champ, la prise télécommande, une batterie donnant plus d'autonomie mais aussi le pilotage des flashes distants par le flash intégré.

Le D7000 de la même marque est enfin testé. Prometteur, ce boîtier a séduit par sa qualité d'image, sa nervosité et sa cadence, et par son viseur (même si Nikon a réussi à inventer le viseur 100% qui ne couvre qu'un 98% excentré...). Légers bémols : des JPEG très bons mais qui ne sont finalement pas meilleurs que ceux des autres boîtiers dotés du CMOS 16MP APS-C Sony (Pentax K-5 et Alpha 55 en tête), plus quelques détails ergonomiques.

Pentax met à jour sa gamme à 2 modèles. Le K-r succède au K-x en entrée de gamme, avec sans surprises des caractéristiques dans la moyenne étonnante des nouveaux APS-C : excellents JPEG et hautes sensibilités, AF et cadence nerveux, grand écran 920.000 points. Ses limites sont tout aussi classiques dans la catégorie : viseur étroit, vidéo limitée, pas de motorisation ultrasonique des objectifs de kit.
Le K-5 quand à lui met à jour le boîtier expert Pentax, très semblable à son prédécesseur au niveau du boîtier et de l'ergonomie mais doté du capteur Sony APS-C 16MP qui fait le bonheur des boîtiers qu'il équipe. Les hauts ISO qui progressent très sensiblement, la qualité d'image de très haut vol et les astuces typiques de la marque raviront ceux qui attendaient un successeur au K-7. La rédaction a de plus apprécié la tropicalisation poussée, y compris celle des objectifs de kit "WR", mais regrette là aussi la vidéo sans AF et le mode Live View dont l'autofocus est bien mou...

Last but not least, la prise en main du Pentax 645. L'Arlésienne est là, avec son capteur 44x33mm de 40 MP. Le boîtier est intelligemment pensé, croisement d'un gabarit moyen-format monobloc et d'une ergonomie reflex APS-C. Une excellente qualité d'image, un prix "abordable" (tout est relatif) et un boîtier étonnamment polyvalent pour un Moyen Format.

Un article proposant un titre d'un tiers de page "les voleurs de diaphragme" se propose d'expliquer la perte de luminosité des objectifs à très grande ouverture placés devant un capteur numérique. Le titre inutilement racoleur (en restant poli) cache un article ... lumineux qui permettra de bien comprendre l'origine du phénomène. Néanmoins ce titre excessif associé à une conclusion qui ne l'est pas moins et additionné au fameux "anti-guide engagé" laisse un arrière-goût de presse à scandale qui promet plus qu'elle ne révèle, la montagne accouchant à chaque fois d'une souris. Lire sur ce sujet l'article que nous avons publié.

Le côté pratique de ce numéro est dédié à la mise en lumière, avec une leçon de photo sur l'éclairage de studio qui présente les différentes solutions pour débuter et propose de bons conseils pour progresser étape par étape. L'article est suivi d'un portfolio de Douglas Vernimmen qui illustre à merveille le thème. Il nous propose des portraits en situation à l'éclairage nuancé tout en clair-obscur, très travaillés et dont l'ambiance évoque les peintures de Rembrandt. Magnifique.

Eric Forey nous propose des photos urbaines géométriques et colorées. Sur un thème souvent dominé par la grisonnance et dans lequel l'originalité est une gageure, l'auteur nous propose une vision originale, fraîche et colorée des détails urbains. L'harmonie des couleurs et le côté abstrait autant qu'équilibré des prises de vue surprend et renouvelle le sujet. Une réussite là aussi.

Chasseur d'Images nous propose donc un numéro de décembre dense, avec de nombreux tests et un contenu intéressant. On peut regretter que les rappels quand à l'interprétation des tests d'objectifs et de boîtiers, si présents et clairs il y a encore un an, semblent bien loin de l'esprit des testeurs. De plus l'avis "engagé" sur les boîtiers en particulier se résume trop souvent à souligner la qualité d'image et à regretter des manques simplement inhérents à la gamme, sans vraiment plus d'informations pratiques quant à l'adaptation d'un boîtier à une pratique. Au risque de me répéter, je rappelle que tout le monde ne mesure pas ses besoins à l'aune des très hauts ISO, de l'AF de course ou de la présence d'un testeur de profondeur de champ. Les points forts pouvant être primordiaux pour l'utilisateur qui ne correspondrait pas à la grille d'évaluation CI ne sont que survolés (tropicalisation, Live View, bas ISO etc)... Pourtant, il existe des photographes qui regrettent les performances d'un "bête" CCD à bas ISO et qui échangeraient bien une molette et 12800 ISO contre un 50 ISO avec plus de dynamique et de modelé. Défendre ces choses qui ne sont plus dans l'air du temps, voilà qui serait vraiment s'engager, et proposer un véritable anti-guide d'achat...

Commentaires   

# Comme d\'habitudePhotovive 04-12-2010 11:05
Une fois de plus, CI fait la messe pour Nikon.
C'est sûrement mérité, le tout est de savoir quels sont les critères prioritaires pour l'utilisateur et pour CI.
Et ce ne sont pas forcément les mêmes.
Depuis le temps que je les suis, j'ai souvent vu CI s'extasier sur des boitiers "daubes" parce qu'ils étaient Nikon, et minimiser les avantages des autres marques.
Malgré tout, je leur pardonne, car ils sont incontournables, il suffit de les lire sans se laisser influencer.
# Julien 04-12-2010 12:00
Pour le coup, je ne suis pas convaincu que CI favorise systématiquement Nikon. Par contre le protocole de test favorise les boîtiers performants en hauts ISO et en JPEG, ce qui n'intéresse pas tout le monde mais est à la mode. Normal, c'est CI qui a créé la mode :roll:: .
Il y a encore 2 ans, CI disait que vu le niveau atteint par l'ensemble de la production, la seule vraie différence entre marques se faisait sur ce point, et sur le suivi AFC. Aujourd'hui, ce point de comparaison est caduc, tout le monde étant excellent sur ce point, et on se retrouve systématiquement avec un avis bipolaire sur des boîtiers d'entrée de gamme :

- point fort : la qualité d'image, les très hauts ISO
- point faible : pas de test PDC, viseur peu confortable, pas de 2nde molette.

On aimerait un peu plus l'avis de photographes et un peu moins l'avis de lecteurs de résultats au banc qui oublient les limites de leurs conditions de test...
# CCD vs CMOSRaphaël 04-12-2010 11:11
Un CCD a plus de dynamique qu'un CMOS moderne à bas ISO? Et quelle comparaison possible avec de l'argentique?
# Julien 04-12-2010 12:09
Le CCD n'a pas une dynamique supérieure mais donne un signal plus propre à sensibilité native. Seulement, depuis 2 ans la seule qualité d'un boîtier est d'être performant en hauts ISO, et là le CMOS est avantagé. Les constructeurs n'ont fait qu'adapter leurs boîtiers à la notation de la "référence" des tests, que ce soit CI ou ailleurs dans le monde (la France est un petit marché !) pour avoir une bonne notation il faut pouvoir faire un suivi AF dans la pénombre donnant un JPEG piqué à 6400 ISO.

Mais ça n'intéresse pas tous les utilisateurs, et aujourd'hui les fans des bas ISO propres et détaillés sont oubliés dans la course à la performance. Un 850 par exemple est magnifique en paysage, mais le signal n'est pas plus propre et la dynamique n'a finalement que peu progressé depuis l'A100.
Là où un 6400 ISO JPEG d'aujourd'hui est plus propre qu'un 400 ISO d'il y a 4 ans, les bas ISO n'ont que peu progressé. La résolution a augmenté, mais en même temps la sensibilité native est passée à 200 ISO, et on est très loin d'atteindre la même progression en dynamique qu'en hauts ISO...

Tout le monde a basculé vers le CMOS qui favorise les hauts ISO, mais en moyen format le CCD plus propre est resté omniprésent pour sa qualité native. Problème, le prix... En reflex la recherche CCD est au point mort, les hauts ISO l'ont tué alors qu'il garde l'avantage pour de très nombreux pratiquants, a qui l'on a malheureusement martelé qu'il fallait absolument de très hauts ISO.
# Le Zeiss Distagon T* 24 f/2 ZA SSMPhilippe PIRET 04-12-2010 23:34
Je suis littéralement abasourdi par l'info que Patrick nous livre là. Vivement les démentis des autres, comme C. Tauleigne et, évidemment, DxOMark.

Néanmoins, grand merci pour le compte-rendu. A+
# Toujours à propos du nouveau DistagonPhilippe PIRET 10-12-2010 00:05
Le seul objectif à focale fixe de 24 mm dont DxO(Mark) a mesuré les performances, est le Nikon AF-S Nikkor 24 mm f/1,4 G ED, aussi bien sur le boîtier Nikon D3x que sur l'abordable D700.

L'excellent Claude Tauleigne, pour RP (n°206), a testé le Canon EF 24 mm f/1,4 L II USM sans référence à un quelconque boîtier.

Et voici donc CI qui y a va de son test du nouveau Zeiss Distagon T* 24 mm f/2 ZA SSM, sans plus de référence au boîtier sinon pour signaler, ce qui est une lapalissade, que cet objectif cadre comme un 36 mm en APS-C et qu'il gagne alors en homogénéité sur format APS-C cadrant comme un 36 mm en 24x36.

Ces trois "24 mm" fixes me paraissent, de prime abord, ce qui se fait de mieux dans les trois marques pour les full frame à peu près abordables que sont le Nikon D700, le Canon EOS 5D Mk II et les Sony Alpha 850 et 900.

S'il semble hasardeux de vouloir comparer les optiques sur la base de trois sources aussi distinctes, il y a quand même des paramètres importants pour lesquels cela me paraît possible, que l'on s'intéresse au RAW ou au JPEG : le vignetage et la distorsion, très certainement, les aberrations chromatiques latérales, peut-être.

En ce qui concerne le vignetage, en faisant fi de l'ouverture nominale de f/1,4 qu'offrent les deux premiers mais qu'on évitera plutôt d'utiliser, les uns ou les autres fournissent, à f/2, une valeur de -1,3 IL pour le Nikon, de -1,2 IL pour le Zeiss et sans doute un peu mieux pour le Canon dont seule la valeur de -1,5 IL est donnée mais à la pleine ouverture de f/1,4. On apprend aussi que le Nikon conserve un vignetage de -0,4 IL de f/5,6 à f/16 et le Zeiss, de -0,3 IL aux mêmes ouvertures. Pas plus d'informations pour le Canon.

Pour la distorsion ( évidemment en barillet), DxO donne 0,5% pour le Nikon, RP donne 1% pour le Canon et la qualifie d'invisible. Enfin, CI donne 0,33% pour le Zeiss.

Pour la correction de l'aberration chromatique, DxO indique 10 microns, soit à peu près la taille d'un pixel du Nikon D700. RP la considère comme bien maitrisée sur le Canon à 0,3 pour mille. Et CI n'émet aucune critique, à 0,14 pour mille, sur le Zeiss dont la fabrication est qualifiée de somptueuse alors que son prix atteint prétendument des sommets bien que 30% moins cher que ses concurrents.

Je ne me risquerai pas à comparer le piqué de ces cailloux. En effet, comment comparer les 49 pl/mm données par DxO sur le Nikon D700 (mais 61 pl/mm sur le D3x), le 4/5 sur l'échelle de RP pour le Canon et ce qui ressemble à 8,3/10 sur celle de CI pour le Zeiss.

D'ores et déjà, j'aperçois assez mal, en effet, comment "Chasseur d'images" pourrait trouver un fixe de 24 mm à son goût. Et je suis pratiquement certain que ce nouveau Distagon constitue un choix royal.
# Patrick Moll 10-12-2010 01:33
Merci Philippe pour cette comparaison. C'est toujours intéressant de mettre plusieurs tests en parallèle pour relativiser certains points intrinsèques à un type de matériel.
Pour l'avoir utilisé aussi souvent que possible, je partage votre point de vue sur le Distagon Alpha... :-)
# Philippe PIRET 14-12-2010 18:47
Et je suppose, Patrick, que ce lien n'a pu vous échapper : www.dpreview.com/lensreviews/sony_24_2_m15/
# Patrick Moll 14-12-2010 20:57
Non Philippe, ça ne m'a pas échappé (rien ne peut échapper à un iPhone qui suit les flux rss et les twitts de centaines de sites :wink:-). Mais ce qui ne m'a pas échappé non plus, c'est le test de Claude Tauleigne dans le Réponses Photo de janvier, qui aboutit aux même très bonnes conclusions que dpreview, isolant le test de Chasseur d'Images comme une anomalie de plus, non dans ses résultats mais dans ses commentaires et conclusions. Que voulez-vous, ce n'est que du Sony, tout ça... :confused:
# Pour finir sur le Distagon 2/24Philippe PIRET 18-12-2010 21:34
... Et C. Tauleigne, lui-aussi, vient de remettre "les pendules à l'heure" : 37/40 pour le Zeiss contre 34/40 pour le Canon.
# Patrick Moll 18-12-2010 23:01
Et oui... des conclusions bien différentes sur une base de mesures objectives proche. C'est comme ça, Philippe.
Ils ont tactiquement et mathématiquement raison : il y a plus de lecteurs Canonistes que de Sonystes... :confused:

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