Jui
30
2010
Réponses Photo n°220S / juillet 2010
Après une impasse le mois dernier due à un gros manque de disponibilité, Alphanum vous propose ce mois-ci de retrouver la chronique de Réponses Photo. Et l'actualité mérite qu'on s'y attarde, le test du Sony NEX 5 (comparé au Panasonic Lumix G2) effectué par une revue très attachée à la tradition argentique et autant sensible au plaisir d'utilisation d'un boîtier qu'à ses résultats promettant un avis décalé mais intéressant.
Julien Bolle compare donc ces deux "systèmes compacts", comme RP les nomme, très différents alors qu'ils visent un public identique. Le Panasonic Lumix G2 se présente comme un mini-reflex, ou un bridge à objectifs intechangeables. Le Sony NEX 5 fait quant à lui le pari de la compacité, façon compact. Deux concepts finalement opposés, le Lumix proposant une ergonomie typée reflex, avec de nombreux raccourcis mais une prise en mains que le testeur a trouvé alambiquée, alors que le Sony est beaucoup plus sobre et impose de passer par des menus pour modifier certains paramètres. Curieusement, la situation est inversée côté qualité d'image : le capteur APS-C de dernière génération du NEX, s'il impose des zooms assez volumineux, offre une qualité d'image digne des meilleurs reflex APS-C, alors que le Lumix est plus en retrait avec son capteur 4/3. L'absence de viseur intégré du NEX est relativisée par un viseur électronique "rédhibitoire" sur le Lumix...
En revanche, Julien a pointé ce qui est à mon sens le seul défaut gênant sur le NEX : un mécanisme d'obturation compliqué et assez bruyant (même s'il est plus discret que celui d'un reflex). En effet, la visée se fait obturateur ouvert, puis l'obturateur se ferme avant déclenchement pour évacuer les charges, fait un cycle normal ouverture/fermeture au déclenchement, et enfin se réouvre pour libérer la visée. Compliqué, sachant de plus que l'obturateur reste ouvert quand on change d'objectif. Vu le tirage très réduit, il faudra être précautionneux...
En conclusion, le Panasonic ravira les experts par son ergonomie, mais reste un ton en-dessous des reflex sur tous les aspects : ergonomie, qualité d'image, viseur, pour un prix et un gabarit identiques à un petit reflex. A l'opposé, le Sony est minimaliste mais propose une excellente qualité d'image même en mode "tout auto", et reste réactif.
Le test est très instructif car, au lieu d'être jugés comme des reflex, les deux boîtiers sont mis en avant sur leur spécificités, même si le rédacteur estime bien trop péremptoirement que le NEX sera "honni par les experts". On est aussi en droit d'estimer qu'un expert puisse envisager un boîtier "simple" comme bloc-notes... Personnellement, si je veux un boîtier qui a tout d'un reflex, je prends mon 850. Si j'envisage un NEX, c'est en concurrence avec un Canon G11, pas avec un Alpha 450...
Sinon, les tests "techniques" sont peu à l'honneur ce mois-ci, avec toutefois le test du Nikon AF-S 24mm f/1.4. Une ouverture extrême pour une telle focale, qui pose des problèmes difficiles à surmonter et faisant flamber le prix de l'optique : 2400 € ! Les ingénieurs Nikon ont réussi à obtenir une excellente résistance au flare même sur des sources lumineuses dans le champ en nocturne, une vraie prouesse. La distorsion et le vignettage sont bien limités, les AC imperceptibles, le piqué excellent dès f/2.8. Un objectif hors de prix, dont la luminosité extrême ne servira que pour quelques usages spécifiques, mais qui y excellera. Les récents zooms haut de gamme dépassaient les focales fixes classiques en qualité, l'apparition de tels objectifs prouve qu'on peut aller encore plus loin. Gageons que l'arrivée de focales fixes Zeiss chez Sony confirmera les progrès possibles sur les focales fixes.
Côté matériel "périphérique", la rédaction a comparé rotules, sacs et kits flash.
Les rotules joystick sont rares mais séduisantes. Devant l'absence de tests de ce genre de matériel, un comparatif entre la nouvelle Manfrotto 324 RC2 et la Vanguard GH-100 est le bienvenu. On en découvre les points forts, les points faibles (comme le poids et l'encombrement) et le fonctionnement. Au final, la Vanguard sensément plus haut de gamme (poids maximal supporté supérieur, et plus chère) ne se montre pas assez aboutie (commercialisation en juillet), tandis que la Manfrotto, plus légère et maniable, possède un meilleur verrouillage. La Vanguard est plus pratique, mais son manque de "mise au point" lui fait préférer la Manfrotto.
Comparatif un peu moins constructif qui oppose trois sacs photo, les Lowepro Pro Runner 300 AW, Vanguard Up-Rise 46 et Tenba Messenger Photo Daypack. Un peu moins constructif car il oppose des sacs dont la cible et l'utilisation sont différentes, malgré leur proximité de taille et de tarif. Le Lowepro est un sac "classique" entièrement dédié photo, le Vanguard est très modulable et le Tenba suit une logique "deux compartiments", avec une partie supérieure dédiée aux effets personnels. Pas de comparaison directe possible donc, mais ce test permet de peser les avantages et inconvénients de chaque concept, et d'apprécier les différences de finition entre concurrents.
Enfin, le 4è match oppose deux kits flash de studio sur batterie, le Bowens Travelpack contre l'Elinchrom Ranger Quadra. Comme le dit Renaud Marot, chaque système a les avantages de ses inconvénients : l'encombrement du Bowens permet puissance, évolutivité et polyvalence, alors que le système Elinchrom, plus limité par sa compacité, est beaucoup plus transportable. Un bon article pour choisir en connaissance de cause selon son usage.
Côté "papier", Jean-christophe Béchet compare les Hahnemühle Rag 500g et le Premier Art Smooth 500g. Deux papiers très épais en format A2, aux prestations très comparables. L'article est surtout l'occasion d'une réflexion sur l'intérêt d'une telle épaisseur. Si le prix du support s'envole (155 € les 20 à 25 feuilles A2), il permet souvent de se passer de contrecollage. Le Premier propose plus de choix de format, tandis que le Hahnemühle est livré dans un carton permettant l'archivage des tirages, ce qui lui donne la faveur du rédacteur.
Deux ans après l'initiation de l' "Impossible Project", voici la première concrétisation de la reprise des formules Polaroid permettant aux afficionados des 600/SX70 de retrouver leur film instantané... L'émulsion est pour l'instant seulement proposée en version monochrome sépia, le support manque encore un peu de stabilité et se révèle très exigeant quand aux conditions à respecter pendant le développement, le pack ne contient que 8 vues pour 20 €, mais il existe ! Les résultats publiés ne manquent pas d'intérêt, et la renaissance de tout un pan mort de la photographie ne peut que réjouir.
Le dossier pratique est conscaré au nettoyage de capteur, avec un comparatif de solutions sèches, humides, poires, swabs et autres loupes. Un article qui rassurera l'hésitant, conclu par un exemple pratique. Chaque solution est bien présentée, ses points faibles mis en évidence. Cinq pages précieuses pour celui qui n'a pas encore osé.
La partie "pratique" est fournie ce mois-ci, avec un point fait par Claude Tauleigne sur les batteries et accus, qui permet de se débarrasser d'idées reçues dépassées et d'en savoir plus sur un sujet auquel on ne s'intéresse souvent que trop tard...
La rédaction a enquêté sur le statut de photographe auto-entrepreneur. Un statut qui paraît idéal pour celui qui "veut essayer" le professionnalisme, mais qui se heurte à de nombreux obstacles. Le point de vue de ceux qui ont franchi le pas et des professionnels qui voient arriver d'un mauvais oeil cette "concurrence déloyale" est pour le moins instructif et de nature à rafraîchir les ardeurs...
La rubrique "esthétique" présente un portfolio dédié à Mimmo Jodice, immense photographe napolitain dont la vie et l'oeuvre sont présentées sur une dizaine de pages. Un point de vue poétique et intime représentatif des images du photographe.
Le premier "nouveau regard" présenté ce mois-ci est celui de Jean-Paul Houdry. Avec un regard à l'évidence indépendant et frais, le photographe nous propose un véritable tour du monde vivant, frais et coloré avec des prises de vue réalisées uniquement à... Montreuil ! Une leçon de regard, curieux et sans a priori.
Le second est celui d'Alan Aubry, revenu en Afrique du Sud sur les terres de son enfance. Il nous propose une étonnante série d'autoportraits de dos, dont il se dégage une impression de mélancolie et d'humour détaché qui a retenu mon attention.
Un bon numéro de réponses Photo ce mois-ci, avec plusieurs comparatifs entre des matériels visant le même public mais fondamentalement différents. La réflexion se porte ainsi sur l'utilisation et le côté pratique plutôt que sur des points de détail. Cela fonctionne plutôt bien pour les boîtiers, un peu moins à mon avis pour le comparatif sacs, mais dans l'ensemble ce numéro pousse à réfléchir plutôt qu'à suivre une vérité révélée et valable pour tous, ce qui me semble salutaire...
Commentaires
En tant que photographe, j'accorde personnellement beaucoup plus d'importance à la qualité du résultat qu'au confort d'utilisation. S'agissant de boîtiers de format compact, le LX3 aura très probablement été mon dernier compact à petit capteur tant l'écart avec les capteurs de reflex est énorme en terme de dynamique, de gestion des hautes sensibilité, etc.
J'ai un peu de mal à comprendre qu'il puisse être plus important, pour un expert utilisant un compact, de gagner quelques secondes pour faire un réglage que d'obtenir une image de haute qualité. Mais après tout, à chacun sa vérité... :wink:
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