Mar
19
2012
Ces dernières semaines, la revue de presse a un peu souffert de mon manque de disponibilité dû à divers travaux d’écriture. La voici de retour avec le dernier numéro de Chasseur d’Images qui titre fort logiquement sur les deux annonces lourdes du mois dernier : l’arrivée prochaine du Nikon D800 et du Canon 5DMkIII. Si Canon a choisi la continuité en proposant une belle évolution sans révolution de son 5DMkII, Nikon a fait faire le grand écart au successeur du D700, avec un capteur qui passe de 12 à 36 Mpx !
Chasseur d'Images n°342 / avril 2012

Difficile de dire si ce pari sera gagnant tant il circule d’idées fausses sur les nuisances supposées d’une forte densité de pixels. Quand ont sait que celle du D800 est identique à celle d’un capteur APS-C de 16 Mpx, cela devrait calmer bien des inquiétudes. D'autant que c’est justement un capteur Sony 16 Mpx qui caracole en tête du classement DxOMark des boîtiers APS-C. Bien sûr, il ne sera pas possible de monter à 102400 ISO, mais qui est concerné par de telles sensibilités qui sont caractérisées par des couleurs dénaturées et par une petite poignée d’IL de dynamique résiduelle ?
J’ai apprécié dans l’article de Ronan Loaëc sur le D800 que soit taclée cette autre idée fausse qui voudrait que certains objectifs ne “passent plus” sur un capteur très défini. Je cite Ronan : “...la qualité des objectifs - à format de tirage égal, mais même à 100% écran - n’est jamais dégradée par l’utilisation d’un capteur mieux défini.”. L’affirmation est un peu osée pour le zoom à 100% sur écran dans le cas d’un tel saut de définition, mais l’idée est bien là.
Restons sur le matériel, avec le test de l’excellent bridge Fuji X-S1. Depuis des années, on lit les prédictions les plus funestes concernant de ce type d'appareil. Pourtant, ils sont toujours là avec des parts de marché loin d'être négligeables. Leur avantage est une plage focale parfois gigantesque (équivalent 24-624 pour ce X-S1 !) dans un boîtier plus léger qu'un reflex avec son zoom de base. Leur inconvénient principal est leur petit capteur, qui limite la qualité d'image et l'utilisabilité des hautes sensibilités. Il convient également de citer la visée électronique qui est souvent éloignée de ce qui se fait de mieux, mais les viseurs optiques étriqués des reflex d'entrée de gamme ne sont guère plus enviables.
C'est sur le domaine de la qualité d'image que les bridges progressent. Ceux qui, en prime, proposent le Raw permettent d'accéder à une qualité d'image plus qu'honorable. Depuis de longues années, j'ai dans mon sac photo le meilleur bridge du moment comme outil de secours pour le cas où il ne me serait pas possible de faire claquer les reflex dans une salle de théâtre. J'en connais les limites, mais je sais aussi ce que l'on peut en tirer avec un bon logiciel de développement. Nombre de mes photos prises au bridge ont été publiées dans des journaux, des magazines et même sur des couvertures de livres. La dernière dans ce cas a été prise en 2008 avec le fameux Panasonic FZ50 : elle illustre un ouvrage sorti il y a quelques jours chez Belin. Ceci pour vous dire que, pour bien des supports et des formats de destination, des images prises au bridge peuvent suffire.
Autant vous dire que ce nouveau Fuji X-S1 me fait de l'oeil, et pourrait remplacer mon actuel Fuiji S100fs. Le test du Sony HX200V est également excellent, peut-être même meilleur que celui du Fuji, mais ce bridge est affligé de la tare, pour moi rédhibitoire, des modèles Sony : l'incompréhensible absence de format Raw.
Je ferme la parenthèse bridge pour évoquer le "compact" hybride Fuji X-Pro1, dans lequel Fuji a mis tout son savoir-faire en s'inspirant (sans vraiment le dissimuler) des Leica M. Un superbe boîtier, très excitant, doté de trois focales fixes pas trop volumineuses (ce qui nous épargnera, dans un premier temps au moins, les cris d'orfraie des rigolos qui exigent une qualité d'image de reflex dans un compact qui tient dans la poche d'une chemisette). Le prix de la bête (1600 € boîtier nu) la réservera sans doute à des passionnés... et à quelques déçus du capteur Kodak du Leica M9...
Je vous laisse découvrir les sujets de prise de vue et je termine avec la rubrique consacrée aux logiciels. Cela ne commence pas très bien avec un sujet sur Picasa dont les outils de retouche sont annoncés en titre comme "efficaces", alors qu'il est difficile de trouver plus basique. Ce genre de sujets est malheureusement susceptible de détourner les photographes des vrais logiciels de retouche, donc certains gratuits ont un potentiel très supérieur et ne sont guère plus compliqués que Picasa. Ce qui ne retire en rien les qualités de gestion et de visualisation d'images du logiciel de Google, mais côté retouche, on est quand même proche du néant...
Dans le sujet suivant, Pascal Druel tente de gravir l'Everest en tongs : le détourage d'un sujet très difficile avec Photoshop Elements. L'auteur n'est pas loin d'y arriver, mais il manque à la version Elements les outils magiques que possède le grand frère CS5 : la détection des contours et la décontamination des couleurs, logées dans l'outil d'amélioration du contour.
Le même auteur affronte, avec le même logiciel, la honte du retoucheur : les outils automatiques. Le sujet est bien traité, sans pousser au crime, et l'intérêt du propos est élargi par l'utilisation de masques de fusion pour appliquer localement les corrections automatiques.
Enfin, Ronan Loaëc confirme son vif intérêt pour Lightroom avec un sujet sur l'importation des images. Un bon article de cinq grandes pages bien pleines, à propos duquel on peut tout juste regretter la taille des captures d'écran qui les rend parfois difficilement lisibles. Le commentaire est heureusement là pour faire comprendre ce qui a du mal à être distingué.
Commentaires
Voila qui est bien peu courageux que de mettre sur le dos des collègues chargés de la mise en page une omission qui doit trouver son explication autrement.
Ne pas faire de peine à Fuji par exemple en mettant des mesures qui tout en étant fort honorables pour un tel système autofocus le disqualifient dans sa comparaison avec les systèmes reflex.
L'essai de RP est pour le coup bien plus utilisable pour quelqu'un qui souhaite envisager un tel achat.
J'aime beaucoup lire Chasseur mais entre les crises de paranoïa et les titres du genre :"La vérité sur" les interviews de professionnels intéressants(les professionnels) mais qui éludent(les interviews) des aspects qui pourraient pourtant éclairer le lecteur (je pense à la mention de Bernard Henri Levy et l'occasion ratée, manque de place la aussi ? d'une explication sur la photo pipautée prise en Bosnie)
Et pourtant j'aime à le lire pour son style léché tout en restant sur mes gardes devant son exquise mauvaise foi.
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