Fév
28
2015
Photoshop vient de fêter ses 25 ans, un âge que peu de logiciels atteignent. Mieux, il est devenu au fil des ans le standard incontesté en édition d'images, au point de donner naissance au néologisme - parfois peu flatteur - "photoshoper". Produit vendu à un tarif difficilement accessible pour l'amateur, il est aussi l'un des logiciels les plus crackés. Sa renommée va ainsi bien au-delà du petit cercle professionnel dans lequel il devrait être confiné, ce que confirme le succès des livres techniques et des tutoriels vidéo qui lui sont consacrés. Cependant, beaucoup de choses ont changé depuis l'arrivée du Creative Cloud et cet anniversaire est une bonne occasion pour faire, non pas une rétrospective des évolutions du logiciel, mais un bilan critique qui interroge sa pertinence, son public cible et ses nouvelles modalités de "non-acquisition".
Photoshop a 25 ans : l'âge de (dé)raison ?

Le potentiel de Photoshop
Louangé par les uns, honni par les autres, Photoshop ne laisse personne indifférent dans le milieu (photo)graphique. En cause, sa domination écrasante qui n'a guère d'équivalent dans l'univers des logiciels si on excepte les outils professionnels hyperspécialisés. En édition de texte, en PAO, en CAO, en montage vidéo ou en traitement audio, on trouve au moins deux logiciels concurrents qui ont des parts de marché conséquentes. En édition d'image, Photoshop domine sans partage le monde professionnel et sa pénétration chez les amateurs est anormalement élevée eu égard à son prix. Pour un usage avancé, on ne trouve guère que Gimp pour le concurrencer. Les PaintShop Pro, PhotoPlus, Photoline, Pixelmator et autre PhotoFiltre sont des concurrents de Photoshop Elements, mais pas de Photoshop. S'ils satisfaisaient les besoins d'une bonne partie des photographes, le potentiel de Photoshop est bien plus vaste. Et si on ajoute Camera Raw pour le développement des fichiers Raw et Bridge, l'excellent gestionnaire de fichiers, tous deux livrés avec Photoshop, la messe est dite. Photoshop est si complet qu'on se demande si les développeurs parviendront encore à lui ajouter des fonctionnalités majeures. C'est d'ailleurs cette maturité du logiciel (et de quelques autres de la Creative Suite) qui a conduit Adobe à basculer sur un système d'abonnement, car de moins en moins d'utilisateurs faisaient les mises à jour. Pourquoi en effet payer pour des nouveautés anecdotiques au regard de l'existant ?
Reste donc Gimp. Son potentiel est élevé, mais il reste en deçà de celui de Photoshop, même en tenant compte de greffons multifonctions remarquables comme G'MIC. L'absence des calques de réglage, des objets dynamiques, de la prise en charge complète des fichiers 16 bits ou d'une gestion avancée de l'impression - pour ne citer que cela - est un déficit important pour un usage avancé. Quant à son ergonomie, le débat houleux s'est apaisé depuis l'arrivée de la version 2.8, mais il reste beaucoup à faire. Cela étant, si la comparaison objective est défavorable à Gimp, son potentiel d'évolution est élevé alors que celui de Photoshop est faible. L'écart ne fera donc que se résorber avec le temps.
Au-delà des aspects fonctionnels, Gimp a deux handicaps face à Photoshop. D'une part la position inexpugnable de standard du monde professionnel qui rend Photoshop incontournable, d'autre part la difficulté pour le débutant de trouver une aide fiable pour démarrer sur de bonnes bases avec Gimp alors qu'il en existe une profusion pour Photoshop. Les magazines photo parlent peu de Gimp, les livres sont rares et si de nombreux tutoriels sont éparpillés sur le web, il n'est pas simple de s'y retrouver. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui m'ont poussé à écrire un dossier de 30 pages "Bien débuter avec Gimp" dans Compétence Photo n°37. J'espère qu'il aura su convaincre les lecteurs que Gimp est un logiciel à fort potentiel dont l'ergonomie est meilleure qu'on ne le pense généralement.
À qui s'adresse Photoshop ?
Nonobstant son prix, dont je parlerai plus bas, Photoshop s'adresse à tous. Je tiens ici à balayer l'idée fausse qui prétend que Photoshop est un logiciel très complexe à manier et que l'utiliser pour une retouche simple n'a pas de sens. Cela sous-entendrait qu'une intervention simple sur une image se ferait systématiquement en plus de clics avec Photoshop qu'avec un autre logiciel. Non seulement c'est faux, mais l'inverse est bien souvent vrai. Le fait qu'un logiciel possède de très nombreuses fonctionnalités ne signifie pas que chacune d'entre elles soit plus difficile à utiliser que s'il y en avait globalement moins. L'apprentissage des outils de base de Photoshop n'est pas plus difficile ou plus long qu'avec un autre éditeur d'images. Ce qui est difficile en revanche, c'est de parvenir à maîtriser la totalité des fonctionnalités de Photoshop. Mais ce n'est en rien une nécessité et l'apprentissage peut - et doit - se faire de façon progressive au fil des besoins ou des envies. Je récuse donc l'accusation de complexité à l'encontre de Photoshop, car elle confond "complexe" et "complet".
Cela étant, la question de savoir s'il est judicieux d'investir dans un logiciel très complet pour faire des choses simples est pertinente. Le bon sens voudrait que l'on y réponde négativement, à condition d'éliminer l'hypothèse d'une évolution de sa pratique du traitement d'images. Or, Photoshop devient très addictif quand on découvre ce dont il est capable. Choisir un logiciel plus simple quand on débute impliquerait un nouvel apprentissage lors du passage à Photoshop. Si l'on pressent que l'on ne se contentera pas de tirer trois curseurs et d'appliquer quelques filtres, mieux vaut sauter le pas tout de suite. Le raisonnement est identique pour Gimp : avoir appris à maîtriser Photofiltre ou Paint.Net n'est d'aucune aide lors du passage à Gimp. Un double apprentissage n'est évidemment pas un drame, mais autant l'éviter quand la chose est prévisible.
Quel est le coût de Photoshop ?
Avant d'interroger la pertinence de l'investissement, il faut savoir combien coûte réellement Photoshop. Il s'avère qu'en quelques années, la donne a changé plusieurs fois. Du logiciel à licence perpétuelle vendu à un prix très élevé, on est passé sur un principe d'abonnement à un tarif (24€/mois) séduisant en apparence dans la mesure où il évite la forte dépense initiale (954€ pour la version la moins chère), mais qui s'avère en pratique plus onéreux dans la durée, avec en plus une obligation de payer pour conserver le droit d'utiliser le logiciel alors que les mises à jour des versions perpétuelles étaient facultatives. Ayant dû faire face à un tollé assez unique dans l'histoire des logiciels, Adobe à rapidement rectifié le tir en proposant une offre Creative Cloud pour la Photo regroupant Photoshop et Lightroom pour 12€/mois.
Ce tarif est-il pour autant intéressant ? Pour le savoir, il faut l'évaluer à un terme assez long. Les données de départ sont les suivantes :
• La licence perpétuelle de Lightroom coûte 129€, la mise à jour annuelle 74€ (soit environ 6€/mois).
• La licence perpétuelle de Photoshop (en version non extended) coûte 954€, la mise à jour 273€ (tous les 21 mois en moyenne, soit environ 13€/mois).
• L'abonnement à Photoshop avec le Creative Cloud mono-application coûte 23,99€/mois, soit 288€/an.
• L'abonnement au Creative Cloud pour la Photo (Photoshop + Lightroom) coûte 11,99€/mois, soit 144€/an.
On peut en déduire, pour ceux qui n'ont actuellement pas de licence perpétuelle Photoshop :
• Le coût d'une licence perpétuelle de Photoshop sans jamais faire de mise à jour correspond à 6 ans et 7 mois d'abonnement au Programme Photo, avec Lightrom en cadeau.
• Le coût d'une licence perpétuelle de Photoshop en faisant toutes les mises à jour est largement supérieur au coût de l'abonnement au Programme Photo, toujours avec Lightroom en cadeau.
• Le coût d'une double licence perpétuelle de Photoshop + Lightroom sans jamais faire de mise à jour correspond à 7 ans et 6 mois d'abonnement au Programme Photo.
• Le coût d'une double licence perpétuelle de Photoshop + Lightroom en faisant uniquement les mises à jour de Lightrom correspond à environ 15 ans d'abonnement au Programme Photo.
• Pour les photographes qui utilisent Lightroom en version perpétuelle, le coût résiduel de Photoshop en passant au Creative Cloud est d'environ 6€/mois, soit 72€/an, tarif inférieur à celui de la mise à jour annuelle de... Photoshop Elements !
Comparé à la situation antérieure, le Creative Cloud pour la Photo offre donc des conditions financières très favorables à ceux qui n'ont pas de licence perpétuelle de Photoshop, même si le principe de l'abonnement est, et restera, détestable. Parmi les possesseurs d'une licence perpétuelle Photoshop, seuls ceux qui sautaient des mises à jour et n'utilisent pas Lightroom sont perdants (ce qui fait tout de même du monde).
Idées fausses sur le Creative Cloud
Avant de se demander si le prix à payer pour Photoshop est raisonnable, évacuons quelques idées fausses sur le Creative Cloud. Adobe en est le premier responsable : en utilisant le mot "cloud", très à la mode, il a semé une confusion qui persiste. Le Creative Cloud n'a de cloud que le nom. Hormis la vérification de la validité de la licence et la sauvegarde de quelques réglages prédéfinis, rien n'a changé. Le logiciel s'installe toujours sur son ordinateur et les fichiers sont présents sur le disque dur, donc ne risquent pas de se retrouver prisonniers du cloud en cas d'arrêt de l'abonnement.
Autre idée fausse, la nécessité d'une connexion Internet permanente pour être autorisé à utiliser le logiciel. En réalité, il suffit d'être connecté une fois par mois pour que le logiciel vérifie la validité de la licence. Il semble qu'une connexion par trimestre suffise, mais je n'ai pu le vérifier.
Ne plus pouvoir utiliser le logiciel en cas d'arrêt de l'abonnement est parfois considéré comme anormal par les utilisateurs. C'est le principe de l'abonnement qu'ils mettent ainsi en cause, et c'est hautement compréhensible. Il faut toutefois que cette crainte de ne plus pouvoir payer l'abonnement soit mise en face du prix de l'achat initial de la licence perpétuelle. Celui qui est en mesure de payer brutalement 954€ (plus éventuellement 273€ de mise à jour à chaque nouvelle version) peut normalement provisionner de nombreuses années d'abonnement, surtout s'il est aussi utilisateur de Lightroom (voir section précédente). Cette réticence est donc plus une question de principe que d'ordre pécuniaire.
La dépense est-elle raisonnable pour un amateur ?
Posons la question en titre de façon extrême : est-il raisonnable de payer pour un logiciel alors qu'il existe des alternatives gratuites ? À qualité et agrément comparables, la réponse est évidemment négative. Seulement voilà, Photoshop est supérieur à ses concurrents dans tous les domaines... sauf celui du tarif et du principe d'abonnement, ce qui n'est pas rien. La question est donc de savoir si le supplément de qualité et d'agrément vaut le prix à payer. C'est à chacun d'y répondre en fonction de ses envies, de ses besoins et de son budget.
Pour ma part, je considère que l'investissement en photo doit être cohérent. Cela n'a guère de sens de dépenser des centaines ou des milliers d'euros dans le matériel et de se priver des meilleurs outils logiciels, sauf à considérer que la photo s'arrête à la prise de vue ou que le traitement d'image est secondaire, mais c'est un autre débat. Sauf aussi à militer pour les logiciels libres et se priver volontairement de ce qui se fait de mieux. Ce n'est pas mon choix, mais il est respectable.
Je vous invite à prolonger cet article par un débat dans la zone des commentaires, de façon aussi courtoise que possible.
Commentaires
Donc pour le même prix, on m'offre photoshop, un must !
Mais voila, j'ai ma licence créative suite CS6 payée peu chère grâce à un partenariat d'école, et mon LR en version 5 qui me suffit amplement et auquel, sauf à changer de boîtier, je ne demande rien de plus ...
Pour ma part donc, je continue d'amortir mes investissements de licence, et je passerai sans doute à l'offre "CC photographe" d'ici quelques années, quand les nouvelles options seront assez nombreuses et puissantes pour que j'en regrette le non accès. Ce sera pour moi le facteur déclencheur. Mais je n'y suis pas encore, et peux donc largement me contenter de ma Créative Suite en version CS6.
Donc pour moi, le photoshop CC, même à 72€/an, reste trop cher pour mon usage
Est-ce que mon RSI est rentable ? Si je suis un pro, c'est la bonne question à se poser.
De plus, cet abonnement est déductible au niveau de ces charges, c'est à prendre en compte.
Après, pour un amateur qui ne vit pas de la photo, cela reste un coût qui n'est pas une obligation.
Perso, j'utilise la suite adobe au travail mais refuse d'acheter ce genre de formule pour mon domicile. Trop de logiciels inutiles pour mon usage, formule usine à gaz.
La formule photo est bonne et je pense la prendre dans l'avenir mais j'aurais aimé aussi la possibilité d'avoir une formule simple d'abonnement ex : Illustrator à 7€99 par exemple, avec une dégressivité suivant le nombre de logiciels que vous prenez : ex : 2ème logiciel Indesign à 6€99. Un vrai CHOIX.
De plus, je reste sceptique sur la politique Adobe en matière d'innovation, c'est assez pauvre depuis quelques années, en matière d'ergonomie des logiciels, aucun effort réel, et une politique tarifaire sans aucune garantie sur leurs formules d'abonnement dans l'avenir.
La seconde question est celle des débits, et il est vrai qu'avec un débit moyen montant autour de 1.6Mbps en France, on ne peut pas encore demander à un pro vivant loin de la fibre de passer au cloud. Envoyer une sélection de 500 raw de mariage de 25Mo chacun prendrait pas moins de 24h en mobilisant la totalité des capacités d'upload de la connexion. Ce n'est alors plus gérable en terme de délais.
Mais le développement des vDSL, fibre et autres THD sans fil rapprochent de plus en plus cette possibilité. A horizon 5-8 ans je pense que la question ne se posera plus vraiment ;)
Mais si on est capable de proposer du jeu en virtualisé sur serveurs distants (et les derniers jeux sont on ne peut plus gourmands en ressources qu'un photoshop ou un première pro ...) et que la seule chose qui gène est le ping des connexions internet, je ne vois pas en quoi photoshop dans le cloud est inimaginable ...
Un super calculateur est bien moins intéressant en terme de rapport puissance / prix qu'une ferme de serveurs, car il faut un max de composants pour que tout communique ensemble et travaille de concert. Avoir une ferme de serveurs "classiques" déconnectés les uns des autres et mutualisée serait on ne peut plus accessible à puissance totale équivalente (à vue de nez je dirais au moins un facteur 5-6 niveau investissement).
Et puis adobe ne créerait pas ses propres DC, il passerait des contrats avec Amazon, Google, OVH, ... pour disposer de serveurs déjà installés et mutualiser encore les coûts de déploiement et d'entretien.
A l'échelle planétaire, on aurait une charge plutôt constante avec les différents rythmes de travail des différents fuseaux horaires. Et comme dit, si on peut le faire pour les jeux vidéos, rien ne s'oppose à le faire pour des applications moins gourmandes ;)
Le SaaS, c'est l'avenir, et ça permettrait à Adobe de justifier pleinement son prix d'abonnement car il dispenserait ses utilisateurs d'investir dans un hardware coûteux de façon régulière. Et ça ouvrirait de nouveaux usages : que j'utilise mon smartphone, ma tablette ou un PC qui a 15 ans, je peux réaliser toutes mes tâches de façon efficace, rapide et optimisée.
Enfin, sur un plan plus global c'est bon pour la planète, car ça permet de consommer mieux en mutualisant, et ça, de plus en plus de personnes y sont sensibles ! ^_^
Quand à avoir un serveur sous Xeon pour un simple site web, tout dépend du site web. Perso j'héberge mes sites sur un Synology 1813+ (processeur Atom) et ça ne pose aucun problème ... Il faut savoir optimiser son code et dimensionner son infrastructure selon les besoin. 99% des sites web peuvent se contenter d'un atom et 1Go de ram. Seuls quelques rares sites très fréquentés ont besoin d'une puissance supérieure :)
Pour revenir au SaaS, je ferais de mon mieux pour y croire si les éditeurs y avaient un intérêt. Or, j'ai beau réfléchir, je n'en vois pas. Ce serait pour eux un surcoût qu'il faudrait nécessairement répercuter sur l'abonnement. Pour Adobe, ce serait se tirer une balle de plus dans le pied. Leur seul avantage apparent serait une forte diminution du piratage, mais en pratique ce serait encore se tirer une balle dans le pied. Si Photoshop écrase la concurrence, c'est aussi grâce au piratage qui a diffusé le logiciel très au-delà du petit cercle des professionnels auxquels le ticket d'entrée exorbitant aurait dû le circonscrire. Pirates souvent jeunes qui deviennent ensuite de "vrais" clients lorsqu'ils entrent dans la vie active et exigent de travailler sur les logiciels qu'ils connaissent.
Je te donne RV dans quelques années pour faire le point, mais je suis très serein s'agissant de logiciels photo ou vidéo professionnels...
En tout cas tu confirmes toi même qu'un Xeon est inutile pour du simple hébergement web.
Tout dépend du modèle : marger beaucoup sur peu de monde, ou marger peu mais faire du volume ... Si je propose un abonnement à 50€/mois qui permet d'avoir 0 piratage, et dispense les gens d'investir dans du matériel coûteux pour utiliser mes logiciels. Si en plus je permet des abonnements sans engagements pour que les utilisateurs peu réguliers ne prennent un abonnement que quand ils en ont besoin. Alors je peux avoir un modèle économique rentable, surtout si je m'appuie sur du hardware existant et mutualisé très largement comme en proposent amazon ou google en cloud services ;)
Quand je vois que l'ensemble de mes progiciels, contenant des CRM avec des bases de données énormes ou des trucs quand même techniques d'optimisation fiscale ou de gestion de prêts, sont tous en virtualisation distante, pour moi il ne fait aucun doute sur l'avenir ;)
Mais comme tu le dis, on verra d'ici une petite décennie quel futur parmi nos deux visions se réalise
Pour ce qui est d'Adobe, ce que tu décris existe déjà, c'est le Creative Cloud. A ceci près que l'abonnement est déjà à 60€/mois (90€/mois sans engagement) et qu'il n'y a aucun calcul distant. De plus, de nombreuses boîtes de prod fonctionnent en mode déconnecté pour éviter le hacking. Ils font comment en Saas ? Et le pro en déplacement ou dans la nature ? Il bosse avec sa 4G ? Quand tu vois comment ça a gueulé à cause de l'obligation faite par Adobe de se connecter au moins une fois par mois pour valider la licence CC, j'ose à peine imaginer l'émeute si du Saas était imposé !
Il y a quelques années, on entendait des gens dire qu'un réflex resterait un truc pro, on a eu la preuve du contraire. On nous expliquait qu'internet haut débit c'était du confort, mais pas une nécessité, on voit poindre de plus en plus d'applications et de services qui mettent cela à mal ...
Il y a quelques années, tu aurais dit à des grandes entreprises que tous leurs documents confidentiels et internes seraient dans le cloud, ils t'auraient traité de fou, aujourd'hui, 100% des entreprises du CAC40 sont sur une solution GApps for works ou Office 360 !
C'est le sens du progrès : d'abord le frein au changement, puis les mœurs évoluent et le changement se fait tout seul sans même que l'on rende compte
Et pour Adobe, le contrôle et l'arrêt du piratage, tout en permettant une pénétration large du marché.
Tu vois, ton enthousiasme débordant pour la technologie m'oblige à jouer le rôle du grincheux critique alors que je suis également un technophile impénitent...
En passant, j'invite les lecteurs qui ne te connaissent pas à découvrir tes vidéos toujours très intéressantes sur ta chaîne YouTube.
En tout cas merci pour cet échange, et maintenant comme on dit : wait and see :)
Mis à part les problèmes de sécurité, réels, qui freinent bien plus le marché du Cloud que la bande passante nécessaire, c'est une histoire de quelques années avant de voir ce que je décrivais dans mon post précédent... Patrick, Adobe n'a pas besoin de construire des centres de calculs, aujourd'hui on achète du CPU sur étagère... L'avenir, qu'on soit pour ou contre, de toutes les façons est aux terminaux légers, nomades, tactiles. Bref, le concept de la tablette du 7 au... 80 pouces ! L'étape suivante pour Adobe, ce n'est pas LR Mobile tel qu'il est, c'est LR avec calculs à distance sur la machine qui hébergera cette partie du logiciel et l'affichage géré par le terminal (un peu comme MPGS / Ensight entre un Cray et une station SGI il y a... fort longtemps !).
Et le concept de location d'un logiciel à l'année, au mois, à l'heure va se généraliser... Ce sera le premier passage en force d'ailleurs.
Comme je le disais, ça a déjà été expérimenté avec succès sur du jeu vidéo. On peut pas faire plus exigent en terme de puissance de calcul ou de nécessité de réactivité, et pourtant ça fonctionne.
je n'épiloguerais pas sur la problématique tarifaire de Photoshop et si je suis passé à la version "photographe" du cloud, c'est parce que j'en ai besoin et que le tarif (12€/mois) est acceptable.
Toutefois, en attendant que The Gimp gère enfin les 16 bits, entre autres choses, je suis le développement d'un nouveau logiciel qui pourrait bien devenir un concurrent crédible. Il s'agit d'Affinity Photo, disponible sur Mac seulement, en toujours en bêta mais intéressant pour un retoucheur photo.
Cdlt :wink:
Je jette également un oeil sur Affinity, qui n'est toutefois qu'une simple variation de PhotoPlus (que j'aime bien, d'ailleurs). Il peut être comparé à Photoshop Elements, mais certainement pas à Photoshop. Pour le moment, du moins.
Cela étant, par principe, je n'utilise que des logiciels disponibles pour Mac et Windows. Les Affinity, Macphun et autre Pixelmator (sans parler de feu Aperture) sont donc exclus de mon champ d'intérêt.
Jusqu'à présent, si Adobe, voulait continuer à faire du chiffre d'affaires (CA), il fallait qu'ils sortent des mises à jour régulières (tous les 21 mois à ce que j'ai lu dans l'article).
Maintenant qu'ils ont des rentrées d'argent régulières pour la licence seule, cela ne risque-t-il pas des les démotiver à faire des mises à jour. Mises à jour qu'ils ne factureraient pas "en plus" de l'abonnement.
Que se passerait-il si (en poussant l'exemple un peu loin), ils ne faisaient plus de mise à jour que tous les 5 ans (60 mois) au lieu d'un peu moins de 2 ans (21 mois).
Ca leur coûterait 3 fois moins cher en développement tout en gardant le même CA.
La tentation ne risque-t-elle pas d'être grande pour Adobe ?
Sans compter le risque sur la baisse de la qualité.
Précédemment, si une version était de mauvaise qualité, ils risquaient que ça se sache et de ne pas la vendre.
Maintenant, que le client la prenne ou non, leur CA sera le même.
Suis-je parano ?
Ils ont plein de petits concurrents dans le rétro, et même s'ils sont encore loin, leur laisser 5 ans pour revenir dans la course serait, je pense, suicidaire !
Adobe s'est assuré une belle rente qui va au contraire lui permettre d'enterrer avec une pléthore d'ingénieurs, de spécialistes et de partenariats, toute concurrence pour encore de longues années.
Moi le côté parano que j'aurais, c'est plutôt comment vont ils réussir, avec autant de pognon, à résister à la tentation de racheter les concurrents et tuer les potentiels preneur de parts de marché dans l'oeuf ...
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.