Sep
29
2011
Qualité d'image des compacts hybrides : le grand écart...
Même si Canon n'est pas encore entré dans le jeu, l'arrivée des Nikon J1 et V1 achève de composer le paysage des compacts hybrides (appelons-les comme ça). Nous sommes actuellement en présence de quatre systèmes très différents, ce qui est une bonne chose du point de vue des photographes, car chacun pourra trouver l'appareil qui lui convient le mieux.
Les axes de différenciation entre ces modèles sont la qualité d'image, l'ergonomie générale et l'encombrement, qui sont autant de paramètres pour choisir le "bon" boîtier. Bien évidemment, c'est le critère de qualité d'image qui importera le plus pour les photographes ayant un peu d'ambition et pour tous ceux qui auront un compact hybride comme seul appareil photo évolué. Les autres critères relèvent d'un confort d'utilisation, certes important, mais secondaire.
DxOMark a publié aujourd'hui le test des Nikon J1 et V1. Une belle célérité quand on sait que certains boîtiers sont bloqués depuis assez longtemps au stade "Preview". Quant au commentaire accompagnant le test des boîtiers Nikon, il est de mémoire le premier aussi incohérent avec le résultat du test lui-même. Vous allez pouvoir en juger.
Je vous propose d'examiner les scores obtenus par cinq compacts hybrides représentant chacun le meilleur de chaque marque. Il manque, hélas, le test du Pentax Q. Comme celui-ci possède un capteur de compact, nous avons ajouté à notre panel le meilleur compact expert actuel, le Canon S95, qui le représentera (sans doute très avantageusement).
Voici un extrait de ce que chacun peut trouver sur le site DxOMark. Voici le lien direct vers le premier groupe de trois boîtiers, plus vers le second groupe. N'hésitez pas à aller ausculter le détail des mesures qui ont abouti au score global et aux scores partiels.
Avant de tirer des enseignements des ces graphiques, signalons que certains boîtiers récents non encore testés pourraient faire un peu bouger les lignes. Le Samsung NX200 devrait ainsi être meilleur que le NX100, et le Sony NEX-5N meilleur que le NEX-C3. Sans parler du Sony NEX-7 qui, au vu du résultat de l'Alpha 77 (ils ont le même capteur), devrait atteindre (et peut-être dépasser) le score global de 80. Il laisserait alors les autres marques très loin derrière, mais il est dans une catégorie de prix supérieure.
Quand on compare les scores globaux, on constate qu'ils sont fortement corrélés avec la taille du capteur. Voici d'ailleurs une illustration proportionnelle des tailles respectives des capteurs APS-C, Micro 4/3, Nikon CX et compact (de gauche à droite, la taille réelle de l'APS-C étant 24 x 16 mm) :
Examinons à présent les scores DxOMark. Le Sony NEX-C3 est loin devant grâce à son CMOS APS-C 16 Mpx, suivi du Samsung qui possède également un capteur APS-C, mais bien moins performant. Les trois autres compacts hybrides, largement derrière, ont des scores voisins, ce qui est quelque part assez étonnant étant donné que le capteur du Nikon est bien plus petit que le micro 4/3 d'Olympus et Panasonic. C'est donc une jolie performance des Nikon qui disposent notamment d'une dynamique et d'une profondeur de couleur supérieure aux boîtiers micro 4/3.
En passant à l'examen des scores partiels, on constate des écarts énormes en gestion du bruit à hauts ISO. Sur ce point, le Nikon paie la petite taille de son capteur (de surface plus de trois fois plus petite qu'un APS-C) et se trouve en queue de peloton. Quant au NEX, il est nettement devant les autres. Quand on sait que les optiques de ces compacts hybrides ne sont généralement pas très lumineuses, l'utilisabilité de la plupart de ces boîtiers est limitée aux très bonnes conditions d'éclairage.
Quand on observe les scores globaux et partiels du compact expert Canon S95, on se rend compte qu'ils ne sont pas si éloignés de ceux du Nikon et des micro 4/3. L'écart est ainsi bien plus grand entre le NEX-C3 et le PEN EP3 qu'entre le PEN EP3 et le S95. Qui plus est, la luminosité du zoom du S95 est meilleure (f/2-4.9). A la vue de ces résultats, on peut légitimement se demander où est l'intérêt d'avoir un compact hybride s'il fait si peu de différence avec un compact classique en termes de qualité d'image. C'est même assez stupéfiant de constater que le S95 possède plus de 1 IL de dynamique de plus que le PEN EP3 ! Quand on sait que Canon vient d'annoncer le (superbe) S100, successeur du S95, les moins bons des compacts hybrides qui risquent fort de se retrouver derrière.
Bien sûr, avec son capteur de compact, le S95 offre une profondeur de champ quasi infinie à toutes les focales. Il faut donc oublier les photos un peu créatives. De ce point de vue, même le Nikon (crop factor 2,7) fait beaucoup mieux. Mais quitte à renoncer à une haute qualité d'image, il n'est pas déraisonnable de préférer un appareil bien moins coûteux, de très bon niveau et qui tient dans la poche de sa chemise.
Les Sony NEX sont donc les seuls à procurer une qualité d'image de même niveau que les meilleurs reflex APS-C. Si ce critère est essentiel pour vous, il n'y a guère à hésiter tant les autres sont loin derrière (et le seront un peu plus après la sortie et le test par DxOMark des NEX-5N et NEX-7). Si c'est l'encombrement qui importe, je vous donne rendez-vous dans un prochain article qui comparera très précisément les mensurations des boîtiers et des optiques. J'attends pour cela de disposer des caractéristiques techniques de quelques-uns au moins des objectifs prévus pour les Nikon J1 et V1 (ils ne semblent à l'oeil guère plus compacts que ceux des NEX). Ce sont les objectifs qui feront toute la différence sur la question de l'encombrement, car les boîtiers NEX, J1, V1, PEN EPL et Panasonic GF ont des gabarits et des poids très proches. A suivre...
Commentaires
Aujourd'hui évidemment, c'est l'embarras. Alors subitement, des boîtiers bruités à 800 ISO ou avec une dynamique faible deviennent largement suffisants. La qualité d'image, hier essentielle, devient secondaire, et des fonctionnalités grand public dont ils se seraient gaussés sur un Sony ou un Samsung deviennent géniaaaales embarquées sur un Nikon.
Tout ceci est assez dérisoire, et ce sont heureusement les photographes qui sont les juges de paix en la matière, comme ils l'ont déjà été en faisant du NEX-5 de très loin le compact hybride le plus vendu. Ce n'est pas si facile de prendre les gens pour des bourricots, et les retournements de veste ne trompent pas grand monde, ou pas bien longtemps.
Cela étant, pour revenir sur le fond de l'affaire, tous les boîtiers évoqués dans l'article sont en effet en mesure de faire de très bonnes photos pour un visionnage sur écran, une publication sur Facebook ou un tirage de petit format. Ce n'est évidemment pas dans le cadre d'une ambition minimaliste que j'ai commenté les résultats des mesures objectives de DxOMark, car même un iPhone peut alors suffire pour peu qu'il y ait de la lumière. Je me place dans le contexte d'un usage un peu plus ambitieux que cela, pour des photographes dont ce sera souvent le seul appareil. Et là, il n'y a pas photo, si j'ose dire.
Reste les questions d'ergonomie et d'encombrement, mais elles sont éminemment subjectives. Dans un prochain article, j'essaierai de mettre en regard les caractéristiques techniques de tous ces boîtiers afin que chacun puisse choisir son appareil en connaissance de cause.
"Les experts tirent déjà peu en grand format, et la chose est rarissime chez les propriétaires de reflex d'entrée de gamme qui privilégient le 10x15 avec quelques tirage A4 sur l'imprimante maison. Ne vous laissez donc pas endormir par cette histoire de bruit numérique, qui est devenue un critère marketing. Qui plus est, la qualité des objectifs d'entrée de gamme est un facteur plus rapidement limitant que le bruit quand on envisage des tirages papier de grande dimension."
La pensée est diamétralement opposée :wink:
Quand au "facteur limitant" pour de plus grandes dimensions, tout dépend évidemment à quelle sensibilité. Pour un A3 à 6400 ISO, un NEX monté du 16 pancake d'entrée de gamme explose n'importe quel reflex pro d'il y a 5 ans, fût-il monté d'une optique de course dont on ne verra aucun détail au milieu de l'énorme bruit.
Inversement, à 100 ISO, plus que de la finesse du traitement du boîtier on profitera de la qualité de l'optique.
Comme souvent, conclure en trois ligne en prétendant résumer tous les cas de figure est casse-figure (pour rester poli). Là, la pensée citée se la casse bel et bien
Je ne sais pas d'où vient cette citation, mais je parie qu'en remontant un peu dans le temps, on peut trouver des articles célébrant la qualité d'image de tel ou tel boîtier.
Sur alpha-numérique, nous avons toujours considéré ce critère comme essentiel, même à l'époque où les capteurs Sony étaient à la traîne et où ils étaient moqués par les mêmes qui trouvent à présent que la gestion du bruit est un critère marketing.
Étonnant, non ? aurait dit Desproges... :wink:
Ci-joint, le site en question: http://tinyurl.com/6hl3hz5
Excellente citation en effet, vous avez du goût dans vos lectures...
Dans cet article, je ne fais que répéter ce que je dis inlassablement depuis des années s'agissant du pixel peeping et du risque de mauvaise interprétation.
Seulement, il ne s'agit ici que de la question du bruit numérique, qu'il est en effet bien inutile de chercher à supprimer s'il ne se voit pas dans le format final de l'image imprimée. Or, la qualité d'image ne se réduit pas à ce seul paramètre. La profondeur de couleur et la dynamique en sont deux autres tout aussi importants, et même bien plus pour tous les paysagistes et portraitistes qui ne shootent pas à hauts ISO. Or, sur ces deux paramètres également, les NEX creusent un écart très important sur les autres. Et je peux vous dire que 2 IL de dynamique en moins face à une scène contrastée, ça se voit très très bien, et ce quel que soit le format d'impression...
C'est vrai aussi que les sites grand public comme ceux que vous citez sont le plus souvent tenus par des jeunes ouverts, enthousiastes et sans a priori. C'est réjouissant... :wink:
Les courbes c'est bien, mais ça ne suffit pas a faire de belles image.
http://pogue.blogs.nytimes.com/2011/09/29/the-glory-of-sweep-panorama/?ref=personaltechemail&nl=technology&emc=cta1
Je vais essayer de les collecter pour faire une revue de presse internationale une fois que les modèles de série auront été testés en profondeur...
Pour la vente des J1 et V1, ils comptent sans doute sur le fait que les photographes seront tentés d'acheter du Nikon parce que c'est du Nikon, tout pareil que les boîtiers de Vincent Munier. La classe, quoi... :wink:
Parions que lesdits photographes seront moins benêts que ça... :wink:
Évidemment, ça reste peu explicite pour les non connaisseurs, mais je préfère des mesures objectives et complètes difficiles à décrypter que des tests amateurs, non reproductibles et en Jpeg qui tenteraient une traduction en langage clair. Espérons que DxOMark cumulera un jour les qualités...
Comme vous le dites, Patrick, de nombreux sites se basent sur des JPG pour tirer des conclusions carrément foireuses. J'ai pu lire sur clubic que le nikon v1 présentait des résultats "crédibles" face aux NEX jusque 1600iso Difficile de prendre le reste du test au sérieux après ce genre d'annonce. Comme je suis pragmatique crasse, j'ai du comparer 2 scènes équivalentes à 1600iso, les NEX ont facilement 2 ans d'avance...
Cela soulève un autre soucis qui est légèrement hors sujet mais qui s'applique largement à l'énorme majorité des tests d'appareils : pourquoi continuer à présenter des comparaisons de qualité d'image se basant sur des JPG? Vos excellents tests l'ont maintes fois prouvé : avec un bon traitement RAW, on est bien loin du rendu d'un JPG direct. Je me suis essayé à quelques comparaisons (imprécises mais faute de mieux) sur ce post : http://goo.gl/4AmdD pour comparer les NEX-5N au NEX-5N, j'ai été bluffé par les résultats. La différence en JPG direct est énorme, mais en RAW (avec un bon logiciel :D), l'écart entre les 2 appareils se reduit fortement. Bien sûr il faudrait approfondir le test avec une mathode plus sérieuse que la mienne, mais j'ai l'impression que l'évolution en qualité entre le NEX-5 et le NEX-5N (et le NEX-7??) est un peu surfait. J'aimerais en tout cas votre avis sur la question.
La seconde voie est logicielle : en améliorant les algorithmes de conversion, on obtient un meilleur Jpeg direct avec un même Raw.
Il faut considérer que le plus gros du boulot sur l'électronique a été fait il y a deux ans. Depuis, les progrès existent, mais sont "normaux". Il suffit de regarder le classement DxOMark pour se rendre compte que les 16 meilleurs boîtiers APS-C ont des capteurs Sony, les suivants étant loin derrière. Je ne pense donc pas que l'on puisse espérer dans le futur un bond qualitatif énorme comme il y a deux ans.
En revanche, la marge de progression reste importante pour les algorithmes de conversion, car ceux de Nikon et Canon restent meilleurs.
C'est pour toutes ces raisons que l'amélioration des Raw a été limitée entre les deux générations de NEX, mais la conversion embarquée dans le boîtier a été sensiblement améliorée. On a ainsi quasiment plus de bruit chromatique, même aux sensibilités extrêmes. Reste à régler le problème de lissage sur la composante luminance du bruit, car les détails fins sont moins bien restitués à très hauts ISO que sur les boîtiers Nikon dotés du même capteur. Il reste donc des progrès à faire dans les algorithmes...
Jetez un œil sur alpha-numérique la semaine prochaine. Je vais mettre en ligne un test à haute sensibilité des Raw des NEX-C3 et NEX-5N, développés avec Lightroom. Ça décoiffe !
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