Avr 17 2011

Photo Mechanic, la visionneuse/catalogueuse ultra rapide

110417_PhotoMechanic.jpgJ'ai déjà évoqué le logiciel Photo Mechanic dans la rubrique Bons plans pour signaler l'édition spéciale 4.6 proposée à 60$ (à peine plus de 40€ actuellement) au lieu des 150$ habituels. Cette offre s'achevant à la fin du mois d'avril, je vous propose une petite piqûre de rappel, car je considère que ce logiciel vaut vraiment le détour, surtout à un tel prix.

J'ai découvert Photo Mechanic il y a quelques mois lorsque j'ai passé longuement en revue tout ce qui existait comme visionneuses et outils de catalogage afin de nourrir l'écriture de mon troisième livre. Je dois dire que cela a été un choc quand je lui ai demandé d'afficher les vignettes des 400 RAW d'un shooting que je venais de réaliser avec l'Alpha 900. Je pensais avoir largement le temps d'aller me faire un café, comme bien souvent avec les visionneuses face à des RAW de 36 Mo chacun, et ma mâchoire s'est décrochée lorsque les vignettes se sont affichées presque instantanément. J'ai alors double-cliqué sur l'une d'entre elles pour voir ce qu'il pouvait en être en grand format : affichage ultra rapide, plus qu'avec Lightroom ou que n'importe quel autre logiciel que j'ai essayé à ce jour pour une visualisation en plein écran 27". Depuis lors, j'utilise souvent Photo Mechanic comme explorateur de RAW et pour un derushage rapide.

Je vous propose aujourd'hui une review de l'utilisation de Photo Mechanic en articulation avec d'autres logiciels (développement des RAW et édition d'images).


Photo Mechanic... en anglais

Si Photo Mechanic n'est pas très connu en France, c'est sans doute à cause de son interface qui n'est disponible qu'en anglais. De fait, la complexité de la prise en main n'est pas chose simple à affronter lorsqu'on ne maîtrise pas la langue d'Oscar Wilde. Si les fonctionnalités de base sont très intuitives (visualisation, notation, etc.), c'est moins le cas pour la gestion des métadonnées, ne serait-ce qu'à cause des intitulés anglais des divers champs d'information. Le système de hiérarchisation des mots-clés est également plus confortable lorsqu'on maîtrise correctement l'anglais.


Champ des fonctionnalités

Photo Mechanic est un remarquable logiciel aux multiples facettes : transfert d'images, horodatage, renommage, exploration et visionnage de RAW et de JPEG, application de mots-clés et de données IPTC, classement et notation, géolocalisation, gestion des profils de couleurs, modification de la résolution, conversion en DNG, etc. Il peut donc prendre en charge la totalité des opérations initiales du flux de production, qu'il fait aussi bien et souvent mieux que la plupart des logiciels, puis passer la main à un logiciel de développement ou à un éditeur d'images.
Photo Mechanic prend aussi en charge l'impression et la constitution de galeries Web en HTML et en Flash (certains templates sont très plaisants). Le logiciel gère également la mise en ligne sur un site personnel ou sur des galeries spécialisées comme Flickr, Zenfolio, SmugMug, etc.


Visionneuse ultra rapide

Comme indiqué en introduction, Photo Mechanic est une visionneuse incroyablement rapide, au point que je me demande comment cela est possible. S'il ne s'agissait que d'extraire les vignettes JPEG encapsulées dans le RAW, ce serait déjà très rapide, mais c'est également le cas pour l'affichage en plein écran.

PhotoMechanic_1_562px.jpg
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L'interface de visualisation en mode grille est très classique : un panneau d'exploration à gauche, une barre d'outils au-dessus et les fonctions de notation en dessous. La taille des vignettes est ajustable et leur affichage dans la nouvelle taille prescrite est également instantané. Un régal !


Tri sélectif et notation

Le tri sélectif se fait très simplement, et surtout très efficacement grâce à l'ouverture très rapide des images en grand format. Il suffit de double cliquer sur une vignette pour que la fenêtre bascule en mode d'affichage plein écran (un autre double-clic fait revenir dans l'affichage en mode grille) :

PhotoMechanic_2_562px.jpg
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Le panneau latéral droit affiche les données EXIF, un outil de recadrage pour les JPEG et un histogramme. Les opérations individuelles de notation (étoiles et couleurs) et d'affectation de métadonnées peuvent se faire indifféremment en mode grille en en plein écran, mais les traitements par lots ne sont accessibles qu'en mode grille.


Les métadonnées

L'accès aux métadonnées se fait par un bouton dédié, sur les vignettes en mode grille ou dans la barre d'outils en mode d'affichage individuel des images. Le raccourci clavier "I" est encore le moyen le plus simple pour ouvrir la boîte de dialogue contenant les données EXIF et IPTC :

PhotoMechanic_3_562px.jpg

L'ascenseur laisse deviner l'étendue des champs que l'on peut renseigner. Il faut bien reconnaître que la langue anglaise est ici un obstacle, notamment pour profiter de la grande variété des classements hiérarchiques (taxinomique, géographique, etc.). Les champs sont toutefois identifiés indépendamment de la langue de libellé, ce qui assure la compatibilité avec les logiciels localisés en français.
Les métadonnées prescrites peuvent être écrites à l'intérieur des fichiers (JPEG, TIFF, RAW ou DNG) ou dans un fichier side-car au format XMP. La synchronisation est importante lorsqu'on jongle avec plusieurs logiciels. Elle est très simple dans le sens Lightroom -> Photo Mechanic, car ce dernier lit systématiquement le contenu du fichier XMP. Dans l'autre sens c'est moins automatique, car il faut demander à Lightroom de lire le fichier XMP modifié et d'écraser celui contenu dans le catalogue. Le résultat est immédiat, mais il faut y penser afin de récupérer la notation et les métadonnées telles que Photo Mechanic les aura modifiées (sinon elles seraient perdues).


Fenêtre unique pour le tri, la notation et les métadonnées

Comme l'ouverture répétée de la fenêtre de gestion des métadonnées peut être un peu laborieuse face à de grandes séries d'images (RAW ou JPEG), il est possible de transformer la boîte de dialogue ci-dessus en une fenêtre unique en la redimensionnant, la taille de la vignette prenant alors tout l'espace qu'on lui offre, avec un affichage d'une grande précision. Des flèches permettent de se déplacer dans la série d'images traitée :

PhotoMechanic_4_562px.jpg
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Articulation avec les autres logiciels

Au-delà de la gestion des métadonnées, Photo Mechanic peut envoyer une image (RAW ou JPEG) dans n'importe quel logiciel défini dans les préférences (par défaut, il s'agira de Photoshop). Un Ctrl/Cmd + E ouvre ainsi le ou les fichiers RAW sélectionnés dans Camera RAW ou dans un autre logiciel de développement (idem avec les fichiers JPEG ou TIFF vers des éditeurs d'images). C'est donc un excellent complément à un logiciel comme DxO Optics Pro qui ne propose pas de catalogage et dont le module de visualisation n'est pas exactement le point fort.


Quelques défauts malgré tout

Le tableau semble idyllique, mais le logiciel a tout de même quelques défauts (outre sa localisation en anglais). S'il est très complet pour l'affectation des métadonnées, il est en retrait des meilleurs logiciels (Lightroom, Bridge, Expression Media, etc.) pour les filtres de recherche. Il est ainsi plus un éditeur de métadonnées qu'un catalogueur à part entière.
Autre défaut : il ne prend pas en charge les RAW de la totalité des boîtiers, n'affichant pour ceux non pris en charge que les vignettes extraites des RAW. Il convient donc de vérifier si son boîtier est reconnu avant d'envisager un investissement.
Le troisième défaut est un prix assez élevé, mais cet argument tombe avec l'offre spéciale signalée en introduction.


Photo Mechanic pour quoi, pour qui ?

Photo Mechanic est donc une sorte de Bridge ultra rapide, mais sans options étendues de catalogage et de filtrage. C’est une très bonne solution de remplacement pour les utilisateurs dont le flux de production ne comporte pas de catalogueur, et qui ne possèdent pas Photoshop et Bridge.
En tant que visionneuse, elle ne me semble avoir que deux concurrents : Bridge et ACDSee. Le premier est hors de prix pour les amateurs, et le second, très efficace avec des JPEG, l'est beaucoup moins quand il s'agit d'afficher des RAW. Photo Mechanic est la visionneuse de RAW la plus rapide que je connaisse : un vrai bonheur pour parcourir sa photothèque ou pour derusher dans l'urgence une longue série de RAW.
Le système de notation et de tri sélectif est très performant, et peut se suffire à lui-même. Il n'est toutefois pas entièrement compatible avec les autres logiciels s'appuyant sur le format XMP. Il faut alors ruser lorsqu'on combine Photo Mechanic avec un logiciel comme Lightroom.
Ses capacités de catalogage sont intéressantes et peuvent convenir à bien des usages, mais le logiciel ne concurrence pas les outils dédiés (ni même Lightroom ou Aperture), faute notamment de proposer d'outil de recherche avancée dans l'ensemble de la photothèque. Il n'existe d'ailleurs pas réellement de notion de catalogue ou de photothèque, remplacés ici par des planches contacts créées automatiquement via l'explorateur.


Conclusion

En résumé, Photo Mechanic me semble indiqué pour tous les photographes shootant en JPEG, et pour ceux qui shootent en RAW sans utiliser de solution tout-en-un prenant en charge la totalité du flux de production. Pour les possesseurs de Lightroom, Aperture et Photoshop, Photo Mechanic relève plus d'un luxe que d'une réelle nécessité, mais au prix de la version spéciale 4.6, c'est un luxe dont il serait dommage de se priver. Sa seule fonction de visionnage ultra rapide me semble valoir la quarantaine d'euros que coûte le logiciel tant elle offre de confort et d'agrément d'utilisation.

Je rappelle pour finir que l'Éditeur Camera Bits propose jusqu'à fin avril une série limitée de Photo Mechanic qui ne bénéficiera pas de mises à jour gratuites au-delà de la version 4.6, mais ne coûte que 60$ (soit environ 40€). Après, ce sera 150$...

Commentaires   

# Gilles 18-04-2011 09:36
Le secret de la rapidité de Photo Mechanic, comme pour toutes les visionneuses de ce genre, comme l'excellent Breeze Browser Pro, vient tout simplement du fait que le logiciel exploite les aperçus JPEG pour l'affichage, tandis que Lightroom se base sur un système d'aperçus de haute qualité, privilégiant ainsi la qualité de l'affichage dans le but de faire des corrections.

Ce qui n'empêche pas l'application de ramer aussi parfois lorsqu'on clique sur un dossier contenant beaucoup d'images.

C'est en tout cas un logiciel très complet, très professionnel, qui présente toutefois deux inconvénients :
- C'est un logiciel professionnel, et assurer les mises à jour, sur le long terme, a un coût non négligeable, à ajouter au logiciel lui-même qui est assez cher à l'achat.
- Son interface est devenue très vieillotte et garde son empreinte "nineties", et n'a jamais vraiment beaucoup évolué de ce point de vue.

Certes le logiciel garde son intérêt pour ceux qui brassent de grandes quantités d'images et de métadonnées (reportages, photos de sport, etc.). Mais, Lightroom, utilisé judicieusement (voir mon workflow pour photographe pressé) est loin d'être à la traîne...
# penel 06-01-2013 15:22
Bonjour,
Connaissez vous un catalogueur permettant d'avoir les photos sur un disque dur en réseau afine de pouvoir présenter les photos sur plusieurs postes en meme temps?
Merci
# Patrick Moll 08-01-2013 14:07
Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. Faut-il que le catalogueur soit lui-même en réseau, seulement son catalogue ou également les originaux ?
L'intérêt d'un vrai catalogueur est de pouvoir afficher les aperçus des photos même quand les originaux ne sont pas disponibles.
# Patrick Moll 18-04-2011 15:09
Bien sûr que Photo Mechanic crée des aperçus, mais il les crée à une vitesse fulgurante. Il suffit d'ouvrir un dossier contenant des RAW qu'il n'a jamais "vus" auparavant pour le mesurer.
Lightroom met du temps à créer les aperçus 1:1, ce qui est normal, mais même la lecture de ces aperçus est plus lente que leur création par Photo mechanic dans un format plein écran (qui n'est donc pas du 1:1). Et pourtant, Lightroom est l'un des logiciels qui affiche les RAW le plus vite...

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