Déc
02
2009
La réduction de bruit avec DxO Optics Pro 6
La modification du fonctionnement du curseur de réduction de bruit en luminance dans la version 6 de DxO Optics Pro a quelque peu semé le trouble dans la communauté des utilisateurs du logiciel. Les comparaisons "curseurs à zéro" semblaient en effet montrer que le niveau de bruit de la version 6 était plus important que celui de la version 5, ce qui était pour le moins surprenant. Il n'en est rien, bien évidemment, mais DxO Labs ayant logiquement axé sa communication sur le traitement du bruit basse fréquence, point fort de la nouvelle version 6, le fonctionnement étendu du curseur de luminance est passé au second plan.
Dans cet article, je vous propose un petit sujet sur la réduction de bruit dans Optics Pro 6, avec une étude de cas susceptible de mettre en difficulté le logiciel : hauts ISO sur l'Alpha 900, zones de contrastes forts, noirs profonds et chevelure de femme non brune (un vrai cauchemar pour les logiciels de développement). Nous verrons également que dans ces conditions typiques des photos de théâtre, Optics Pro 6 est très performant, mais son réglage par défaut de réduction de bruit est souvent trop fort. Le risque est alors de produire des "effets aquarelle", à éviter même s'ils ne seraient visibles que sur des tirages papier de très grand format.
La question de l'accentuation sera seulement évoquée, et fera prochainement l'objet d'un article spécifique.
1) Fonctionnement du curseur de réduction de bruit en luminance
La réduction de bruit, pour être pleinement efficace, doit être réalisée le plus possible avant la phase de conversion raw -> jpeg, et c'est sur ce point que se fait une bonne partie des différences entre les logiciels de développement. DxO Labs a poussé la logique jusqu'au bout puisqu'on peut considérer que toute la réduction de bruit se fait en amont, avant la conversion en image bitmap (quand je dis avant, cela peut-être pendant si les processus sont simultanés, mais pas après).
Aussi effarant que cela va peut-être vous sembler, Optics Pro rajoute du bruit après conversion pour redonner de la matière et des détails fins à l'image. Ce n'est pas à proprement parler du bruit qui est ajouté mais plutôt des éléments d'échelle très fine calculés sur la base d'une cartographie du bruit contenu dans le fichier brut d'origine.
Ainsi donc, l'image en sortie de dématriçage est très lisse (voir plus bas), et le curseur de luminance gère pour l'essentiel non pas le taux de bruit qu'on enlève mais la quantité de détails fins qu'on ajoute !
Les curseurs de réduction de bruit n'ont pas changé d'apparence entre les versions 5 et 6 d'Optics Pro :
Dans la version 5, quand le curseur de luminance était mis à zéro, cela signifiait que l'on ajoutait la totalité des détails fins calculés à partir de la cartographie de détails de petite échelle issus du raw. La valeur 100 montre l'image telle qu'elle est en sortie du convertisseur raw, donc très lissée.
Dans la version 6, Optics Pro permet également d'intervenir sur le niveau de réduction de bruit avant dématriçage. Son fonctionnement est le suivant :
0 = aucune réduction de bruit, ni avant, ni après dématriçage.
20 = 100% de réduction de bruit avant dématriçage et 80% d'ajout de détails fins sur l'image
50 = 100% de réduction de bruit avant dématriçage et 50% d'ajout de détails fins sur l'image
100 = 100% de réduction de bruit avant dématriçage et aucun ajout de détails fins sur l'image
En mettant le curseur à zéro, on inhibe donc totalement la réduction de bruit dans Optics Pro, ce qui n'était pas possible dans la v5. La valeur 20 en v6 n'est pas très éloignée de la valeur 0 en v5.
2) Etude de cas
Voici un zoom 100% sur une photo de théâtre prise avec l'Alpha 900 et le Zeiss 24-70/2.8, avec les exifs suivants : ISO 2500, 50mm, 1/30s, f/2.8.
Comme indiqué en introduction, cette photo rassemble beaucoup de caractéristiques qui peuvent mettre en difficulté les logiciels de développement, avec des hautes lumières, beaucoup de basses lumières dont des noirs profonds, des zones de fort contraste et la chevelure claire de la comédienne. Conserver du détail dans une chevelure à hauts ISO est une véritable gageure et les curseurs de réduction de bruit sont à manier avec une grande précaution dans ce cas.
Avertissement (récurrent) : vous allez voir sur votre écran, à 30 ou 40 cm de distance, un zoom 100% sur une image de 24 Mpx. Cette image, si elle était imprimée en totalité à la résolution de l'écran, soit environ 80 dpi, mesurerait 192x128 cm, soit plus de 2 m² !!! Vous allez donc regarder un niveau de détails qui n'est jamais visible sur un tirage papier. Si vous voulez avoir une idée plus correcte de ce qui serait réellement visible, affichez les images à 50% ou 33% dans votre visionneuse, ou reculez-vous d'un bon mètre...
Voici l'image avec la réduction de bruit totalement désactivée, de même que la netteté :
On voit un bruit sensible dans les zones de basses lumières, mais paradoxalement très limité dans les noirs profonds, à droite du crop. On devine que la conservation d'un peu de détails dans la chevelure va être délicate. Il est toutefois à noter que le grain de bruit est très fin, et qu'une telle image sans traitement de bruit ferait un A4 propre (le bruit disparaissant dans le ré-échantillonnage), et un A3 avec un bruit fin très acceptable.
Dans les images qui suivent, le curseur de chrominance a été fixé à 50 et la netteté automatique de l'optique, issue du module du Zeiss 24-70/2.8, a été laissée à sa valeur par défaut, avec un niveau de détails fixé à 30 :
Voici l'image avec réduction de bruit en luminance à 100, donc une image telle qu'elle sort du convertisseur raw :
Si l'image est totalement nettoyée, l'effet aquarelle est très violent et seul un tirage petit format sera possible. Il est évident qu'il faut ajouter de la matière et des détails de fine échelle.
Avec la valeur par défaut de DxO (40 en luma, 50 en chroma), on obtient le résultat suivant :
Le bruit est toujours parfaitement éliminé, et de la matière est revenue, mais l'effet aquarelle dans les cheveux est encore trop sensible pour espérer un tirage A2 détaillé. Même un A3 pourrait manquer un peu de détails fins. Cette valeur par défaut est d'ailleurs trop forte dans toutes les circonstances pour un tirage au format nominal du capteur, et je vous conseille vivement de la réduire. Si vous ne faites que des petits tirages, cela a en revanche moins d'importance.
Voyons ce que donne un réglage de 20 où on laisse maximale la réduction de bruit avant dématriçage, et où on ajoute ensuite le maximum de détails fins :
Le résultat est beaucoup plus convaincant : l'image reste propre et l'effet aquarelle dans la chevelure est moins sensible.
Paradoxalement, dans un cas aussi difficile, il ne faudra pas hésiter à profiter des possibilités étendues du curseur de luminance pour inhiber une partie de la réduction de bruit avant dématriçage. Voic ce qu'on obtient avec un curseur à la valeur 10 :
On a fait revenir un peu de bruit, mais celui-ci est faible et très fin, alors même qu'on le regarde à un grossissement qui n'a aucune réalité en impression papier. En échange, on a fait presque totalement disparaître l'effet aquarelle, et cette image avec ce réglage ferait un superbe A3, et un A2 très satisfaisant.
Je vous épargne les tests du curseur de luminance entre 10 et 20, mais la valeur idéale pour cette photo en vue d'un grand tirage semble être 13 ou 14.
3) Conclusion
On le voit, la puissance du module de réduction de bruit d'Optics Pro 6 est impressionnante et les nouvelles fonctionnalités du curseur en luminance sont très précieuses pour traiter des cas difficiles comme celui que je vous ai présenté. Sur des sujets plus classiques, des valeurs plus fortes peuvent produire un très bon résultat, mais la valeur par défaut est le plus souvent trop élevée, quelle que soit la valeur ISO de l'image. En ce qui me concerne, j'utilise une série de presets selon le type d'image et la sensibilité utilisée, et je vous conseille vivement de faire de même.
Le prochain article sur Optics Pro concernera l'accentuation, qui se fait différemment selon que l'on dispose ou non d'un module de correction optique. Suivra un tutoriel "flux de travail avec DxO Optics Pro 6", qui montrera par l'exemple l'ensemble d'un processus de développement avec ce logiciel.
Commentaires
J'attends avec impatience tes articles suivants :twisted:
En ce qui concerne le fonctionnement global de la réduction de bruit chez DxO, j'ai voulu partager mon étonnement car je n'avais pas imaginé que cela pouvait fonctionner de la sorte. Remettre du bruit après conversion peut quand même sembler bien étrange ! :wink:
Une petite coquille s'est glissée dans les échelles, c'est plutôt 192x128 centimètres la taille de la photo originale :wink:
en tout cas, l'exemple traité ici est très parlant, en auto, ça ne marche pas.
Cordialement
Merci de votre attention.
Je suis très en retard dans mon planning de publis pour des raisons de surcharge de travail tous azimuths. La suite que vous évoquez est toujours dans la pile, et remonte doucement... :wink:
Pour ce qui est des presets, il faut en effet construire les siens en fonction de sa pratique mais aussi du type et du format du média de destination. C'est pour des tirages papier grand format, A3 ou A2, qu'une précision chirurgicale est nécessaire et que les réglages par défauts sont trop violents.
Je vous informe que mon seul format de sortie de DxO Pro Optics 6.0 Elite est le Tiff codé sur 16 bits dans le profil Adobe RVB. Le fichier développé n'est pour moi qu'un produit semi-fini que je passe ensuite dans Ps CS4, pour des réglages complémentaires, surtout locaux, et évidemment pour l'impression, avec profils ICC sur mesure de C. METAIRIE, en A3+.
Ps reste donc incontournable à mes yeux et DxO ne saurait à lui seul me fournir le produit fini que je désire.
Pour les images destinées au Web, je n'utilise que des copies en Jpeg réduit et compressé dans Ps auxquelles je renforce la netteté par filtre d'accentuation avec, généralement, un gain de 150%, un rayon de 0,3 px et à partir de 3 niveaux RVB.
Autrement dit, je ne vois pas l'utilité, pour moi, de créer dans DxO des autoréglages distincts en fonction du type et du format du média de destination.
A part tout ça, je trouve que votre site est une véritable aubaine pour le vieil argentiste que je suis, passé au numérique full frame depuis seulement six mois. Passionnant alors que j'étais pourtant un irréductible du grain de métal noir. Félicitations et merci.
Pour ce qui est de l'accentuation, j'espère que vous ne vous privez pas de l'homogénéisation du piqué par la fonction Netteté de l'optique car c'est une fonctionnalité unique, qu'il est impossible de reproduire "à la main" dans un éditeur...
Non, bien entendu, pour l'accentuation, je ne me prive pas d'user de l'outil "Netteté de l'optique" de DxO. Même, je trouve qu'il me dispense totalement d'utiliser le filtre de Ps CS4 sur un Tiff 16 bits. A+
Comme je l'ai signalé dans une autre conversation, le comportement du curseur de bruit de luminance a encore changé dans la version 6.2 de DxO Optics Pro.
D'après mon expérience actuelle, il me semble que la fourchette de 0 à 20 sur 100, ce que j'appellerais la fourchette utile, est désormais considérablement élargie. En d'autres termes, ce "0 à 20" correspond selon moi à "0 à 50" pour la nouvelle version. En somme, le curseur est plus progressif et des ajustements à l'unité près n'ont plus guère de sens.
Ainsi, voici les valeurs "standard" de mes presets pour un rendu optimal normal, uniquement en "luma".
- 100 à 200 ISO : 0
- 400 ISO : 10
- 800 ISO : 20
- 1600 ISO : 30
- 3200 ISO : 40
- 6400 ISO : 50
Il serait donc très intéressant que votre remarquable compte-rendu soit actualisé.
Bonne reprise de saison de théâtre et merci de votre attention. A+
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