Alpha 900 : quelques réflexions autour du test de Chasseur d'Images

Le test complet de l'Alpha 900 de Chasseur d'Images était aussi attendu que redouté.

Attendu car Chasseur d'Images dispose du meilleur laboratoire de test européen avec un protocole qui s'améliore sans cesse, qualitativement mais aussi quantitativement, au point de proposer désormais tellement d'informations qu'il est parfois difficile d'extraire l'essentiel du plus anecdotique (on se gardera toutefois bien de s'en plaindre).

Redouté car le passif entre la communauté d'utilisateurs du matériel Sony Alpha et Chasseur d'Images est lourd, depuis "l'effet moquette" du test de l'Alpha 700 jusqu'au massacre éhonté de l'Alpha 350, avec une distorsion très importante et dommageable entre les mesures objectives du CI-Lab et les commentaires et notations.

Le test de l'Alpha 900 semble avoir été mené intégralement par Pascal Miele avec, c'est une bonne nouvelle, un boîtier de série et non pas un exemplaire de pré-série moins bien réglé comme ceux que semblent avoir utilisé dpreview et d'autres sites de tests (nous ferons une revue de presse globale d'ici quelques semaines).

Le test commence par une revue de détail de l'ergonomie générale du boîtier. Les commentaires sont globalement très bons, la qualité exceptionnelle du viseur optique, qualifié de luxueux et de meilleur viseur de tous les reflex actuels étant particulièrement soulignée. La qualité de la construction est considérée comme très bonne, de même que l'ergonomie des boutons et des menus.

La nouvelle fonction Intelligent Preview est considérée comme novatrice et fonctionnelle, mais de moindre intérêt quand on shoote en raw car les paramètres comme la balance du blanc ou le DRO peuvent être réglés de manière non destructive en post-production.

Le premier point désigné comme négatif est l'absence de Live View. Après avoir longtemps considéré cette fonction comme un gadget, Chasseur d'Images s'est rendu compte (avec raison) que ledit gadget pouvait être précieux dans certaines circonstances, comme par exemple la photo de studio. Dommage que cette révélation tardive n'ait pas eu lieu avant la sortie des Alpha 300 et 350 : Chasseur d'Images aurait ainsi pu souligner la performance unique du Live View Sony, le seul à pouvoir utiliser pleinement l'AF rapide par détection de différences de phases comme en visée reflex normale (certes au détriment du viseur optique, mais on n'a rien sans rien). Sur cette question du Live View, les membres du forum AlphaDxD et de la rédac' d'Alphanum continuent de penser majoritairement qu'il s'agit d'une fonction secondaire, le plaisir photographique étant ailleurs.

L'évaluation de la qualité des images est exceptionnelle. Pascal Miele écrit : Les images sont du meilleur niveau, à la hauteur du Canon 1Ds Mark III. C'est simple, pour faire mieux il faut viser les dos numériques... et plutôt des modèles récents ! Pouvait-on rêver mieux que de telles comparaisons ?

La gestion du bruit était un autre domaine où l'Alpha 900 était attendu, le pari de la haute résolution n'étant de ce point de vue pas gagné d'avance. Et bien il l'a été, au point que les résultats objectifs sur des tirages A3 indiquent qu'à 1600 ISO l'Alpha 900 fait mieux que les Nikon D3/D700, aussi bien à 3200 ISO, et ce n'est qu'à 6400 ISO que les 12 Mpx des Nikon font (enfin) la différence. Le pari est donc plus que gagné tant les références D3/D700 semblaient inatteignables. L'écrasement du bruit par la résolution, comme on avait pu le constater sur plusieurs compacts à très forte densité de pixels, est donc bien une réponse efficiente au problème de gestion du bruit.

Il faut ici féliciter et remercier Chasseur d'Images qui, au contraire de la plupart des autres labos de tests, fonde son jugement non pas sur des crops 100% (qui ne sont pas comparables deux à deux en cas de densités de pixels différentes) mais sur le résultat de tirages papier grand format, seuls juges de paix objectifs. Il est évident qu'en crop 100% les images de l'Alpha 900 sont un peu bruitées à 1600 ISO, mais la résolution est telle que ce bruit est de dimension inférieure au point d'impression et devient ainsi totalement invisible.

Sur l'utilité d'un capteur possédant une telle densité de pixels, l'analyse de Chasseur d'Images est excellente et les illustrations nombreuses. En photo de paysage, les feuillages lointains ne se transformeront plus en bouillie insipide, et leurs nuances et finesses pourront être restituées. Même type d'analyse pour la photo de studio. J'ajouterai la possibilité de faire un recadrage en conservant une bonne résolution (les spécialistes de l'animalier pourront ainsi utiliser un mode crop avec encore 11 Mpx dans la zone APS-C).

Hormis l'absence du Live View, trois réserves auront été formulées dans ce test :

- la disposition trop centrée des collimateurs AF qui, malgré la présence de dix points supplémentaires, fait craindre un manque d'efficacité dans le suivi des sujets rapides (seule une vraie prise en main donnera la réponse à cette interrogation).

- la dynamique ne montre pas une amélioration sensible par rapport à l'Alpha 700. Conseil : il faut shooter en raw pour tirer le meilleur parti de ce capteur.

- le codage 12 bits au lieu des 14 bits proposés sur certains boîtiers de marques concurrentes. En réalité, Pascal Miele s'interroge de manière pertinente sur la justification des 14 bits, les informations supplémentaires étant probablement noyées dans le bruit. Aucune preuve incontestable n'ayant encore été apportée par les tenants des 14 bits, il s'agit probablement à la fois d'un effet marketing et d'une avance sur le futur, quand les capteurs auront 1 IL ou 2 IL de dynamique de plus et où l'augmentation du niveau de codification se justifiera réellement.

A l'arrivée l'Alpha 900 obtient 5 étoiles au global et dans toutes les notations secondaires, et s'offre même le luxe d'inaugurer une sixième étoile en photo de paysage (pour les raisons évoquées plus haut).

Chasseur d'Images conclut son article par ce qui commence à ressembler à un poncif plus qu'à la réalité : une des faiblesses principales de ce boîtier serait... la gamme optique dont il est affligé. Si c'était un argument recevable il y a encore 12 ou 18 mois, il ne me semble plus pouvoir l'être aujourd'hui. Volker Gilbert, dans sa chronique de QuestionsPhoto.com, ose même parler de gamme optique aussi trouée qu'un gruyère (oubliant au passage que le gruyère n'a pas de trous, lapsus révélateur). Pascal Miele se contente plus raisonnablement d'indiquer qu'il manque à l'Alpha le poids du rêve, faisant référence aux super-télés ultra lumineux, ultra grand-angle et objectifs à décentrement (qui sont en effet encore manquants). Il convient tout de même des ventes très marginales de ces optiques "de rêve".

Sur cette question de la gamme optique Sony Alpha, nous proposerons sous peu un article bilan afin de montrer que ces affirmations récurrentes relèvent désormais plus du mythe que de la réalité.

Même si nous ne sommes pas d'accord sur tous les points, merci à Chasseur d'Images pour ce test aussi rigoureux que cohérent.

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